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2012, la fin d’un monde

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Quoique nous puissions raisonnablement douter des prévisions apocalyptiques de nos ancêtres mayas, il faut reconnaître qu’ils avaient vu juste : 2012 fut une de ces années majeures où tout a basculé. En théorie, deux conceptions et leurs variantes régnaient sur le monde des affaires internationales depuis la fin de la guerre froide : d’un côté Fukuyama et la « Fin de l’Histoire » ; de l’autre, Huntington et son « Choc des Civilisations ». Ces deux éléments de réflexion, régulièrement contestés, sous-tendaient toutes les analyses. Sur leur cercueil, 2012 restera comme la fin d’un monde.

La fin d’un monde où la démocratie occidentale serait l’espérance la plus grande pour tous les peuples. Les révolutions arabes ont prouvé qu’une large partie des populations maghrébines rêvait de démocratie. Les enthousiastes de Benghazi, de Tunis, du Caire, d’Alep continuent de se battre en démocrate contre le diktat. Mais la démocratie ne gagne pas à coup sûr et les obstacles sont nombreux : d’un côté, la résistance armée des dictateurs, de l’autre, le double discours entre islamistes conservateurs qui rêvent d’une démocratie non occidentale mais islamique et islamistes intégristes qui ne rêvent que d’islam.

La fin d’un monde en « blocs » où les acteurs s’agglutinent derrière un chef pour lutter collégialement contre l’équipe concurrente. L’Union Européenne ne regarde plus les Etats-Unis de la même façon; les Etats-Unis ne regardent plus l’Union Européenne.  Les tensions entre pays asiatiques ont rarement été si fortes.  Au sein même des « blocs continentaux », les points de rupture se multiplient : pendant que l’Union Européenne est au bord de l’explosion monétaire, les pays émergents s’affrontent pour le trône suprême de rival aux USA. La Chine affaiblit le Brésil exportateur par la monnaie, l’Inde ambitieuse par l’armée, la Russie pétrolière et gazière par la colonisation. En somme, derrière les blocs en brique il n’y a que des cliques en toc.

2012 marque l’avènement diplomatique du chacun pour soi, ère de tensions entre acteurs individuels. Les tensions pour la puissance ravivent tout d’abord les frictions territoriales : en Afrique (RDC, Mali, …) et dans les mers asiatiques (Chine/Japon pour les îles Senkaku/Diaoyu). Mais aussi les conflits pour les matières premières. Chaque acteur doit influencer l’adversaire. Tous doivent exister, surtout les plus petits qui, à défaut de gros bras ont des carnets de chèques : c’est le cas du Qatar et de ses investissements pharaoniques.

Dans cette guerre non militaire mais économique, face aux avantages structurels des pays émergents où la prospérité est un levier de développement et de maintien de l’ordre social, les pays de l’OCDE cherchent des modèles de croissance efficaces afin de résister : par l’arme monétaire, ils poussent artificiellement leur modèle économique. En échange, une bulle naît et explose quelques années plus tard, emmenant avec elle toute l’économie mondiale.

2012 marque la fin d’un monde d’espérance où la prospérité, la démocratie et les alliances étaient les buts ultimes. Nous entrons dans un monde d’incertitude où, à l’apogée des interdépendances, chacun joue pour soi.

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