Le Brésil touché par de violentes manifestations
Le Brésil a connu des manifestations qui ont mal tournées et ce depuis une semaine. La situation est de plus en plus tendue. La population, qui réclame l’annulation de l’augmentation du prix des transports publics, fait face à une répression policière importante.
Les manifestations publiques et violentes ne sont pas l’apanage de la place Taksim. Rio de Janeiro et Sao Paulo ont, elles aussi, connu des rassemblements semblables à celles connues en Turquie.
Le bilan fait état de plus de 250 arrestations et de 50 blessés dont 6 journalistes du quotidien de Folha de Sao Paulo.
A Rio, avec un déploiement policier moins conséquent, les manifestations ont commencé pacifiquement. Mais la situation s’est finalement détériorée. La ville de Porto Alegre a connu le même sort.
A Sao Paulo, là où la répression policière a été la plus forte, les autorités avaient reçu l’ordre de réprimer toute manifestation suite à des actes de violence qui étaient survenus le 11 juin. Fernando Haddad, le maire de Sao Paulo, a lui-même reconnu la gravité des faits en reconnaissant les violences policières abusives : « Mardi passé l’image qui est restée était la violence des manifestants. Aujourd’hui, malheureusement, il n’y pas de doutes : l’image qui est restée est celle de la violence policière ».
L’accès à l’Avenue Paulista, célèbre pour habituellement accueillir les manifestations ces dernières années, avait été coupé. Cependant après plusieurs heures d’affrontements les manifestants parvinrent à s’y rendre.
La liberté de la presse, droit très représentatif du bon fonctionnement d’une démocratie, a été bafouée, la presse ayant dû fuir la police à diverses occasions.
A Rio la tension est aussi très palpable. En plus de l’augmentation du prix des transports en commun, un sujet très sensible dans ce pays, d’autres facteurs viennent alimenter les conflits.
En effet, la coupe du monde 2014 se déroulera dans le pays et les jeux olympiques 2016 se dérouleront à Rio. Tout l’argent investi dans la rénovation des infrastructures (stade, routes, aéroports, …) est de l’argent en moins pour des secteurs comme le social. Les classes moyennes et inférieures en pâtissent de plus en plus. La paupérisation latente est aussi incompatible avec le coût des places dans les stades, puisque le peuple brésilien, hormi les élites, ne pourra pas assister aux événements que le pays organise.
Cela accentue encore plus la frustration d’une population qui a pourtant connu de grandes avancées économiques et sociales, ces dernières années, mais dont les avancées sont encore très perfectibles.
D’autres manifestations devraient suivre et devenir de plus en plus populaires dans un pays pourtant peu habitué à ce phénomène cette dernière décennie. La Turquie et le Brésil, tous deux atteints par des scènes de violences inhabituelles reflètent en partie l’échec politico-social de ce des deux grands pays émergents, dont les élites restent grandement favorisées au détriment d’une grande majorité de la société.