Le vrai visage de l’Afrique du Sud ?
Alors que le monde ainsi que les politiques et les businessmen d’Afrique du Sud se félicitent de la bonne tenue de la coupe du monde, des groupes pas si isolés et pas si peu nombreux promettent le pire aux immigrés dès que les vuvuzelas se seront (enfin !) tues.
Jeudi dernier, près de Cape Town, un Zimbabwéen (Reason Wandi) a été jeté hors du train dans lequel il était sur le simple prétexte d’être étranger. Un fait incroyable mais qui devient commun : les agressions xénophobes contres les immigrés se sont récemment multipliées, des flambées de violence et de pillage contre les étrangers explosent un peu partout sur le territoire. À Johannesburg, Cape Town, Durban et autre se produisent des événements d’une violence rare : durant deux semaines de mai 2008, au moins 60 personnes, provenant principalement d’autres nations africaines, ont été tuées par des pillards et a peu près 35 000 personnes ont été expulsées de leurs foyers. Le paroxysme de ses « émeutes xénophobes » a été atteint lorsqu’ un Mozambicain a été immolé !
Beaucoup au gouvernement prennent ces menaces comme des rumeurs qui ont dégénéré en hystérie à force de répétition. Néanmoins les forces de sécurités sont dans le rouge d’après le ministre de la police Nathi Mthethwa la semaine dernière. Les militaires ont patrouillé dans des zones à risque et les associations de défense des droits de l’homme ainsi que la fondation Nelson Mandela ont répété leurs appels au calme.
Car la situation peut exploser à tout instant dans un pays ou la violence est quotidienne (entre 50 et 60 meurtres par jour pour seulement 49 millions d’habitants contre un ou deux en France !) et ou l’immigration est mal vécue. En effet, le taux de chômage atteint 40% de la population active, 8,8% de la population vit sous le seuil de pauvreté extrême et 40 % des villes sont composées de townships ! Dans ce contexte, l’immigration importante venue des pays frontaliers qui ne bénéficient pas du dynamisme économique de l’Afrique du Sud (22% des investissements en Afrique en 2008) est très mal vécue. Et c’est un pays qui avait convoyé une image de pan-africanisme durant la coupe du monde qui rejette cette immigration. Les travailleurs immigrés sont fréquemment accusés de voler des emplois et le fait qu’ils acceptent de travailler pour bien moins cher que les locaux déclenche la fureur de ces derniers.
Naturellement, la plupart des Sud africains déplorent les violences de 2008 et seraient prêt à offrir leur aide aux persécutés. Mais s’il est difficile de trouver quelqu’un se déclarant prêt à prendre part à une « purge », il n’est pas difficile de trouver des gens qui en soutiennent le principe. Et ce même si les immigrants travailleurs se sont installés : les boutiques et épiceries pillées ne datent pas d’hier et ceux qui les tiennent sont souvent arrivés il y a au moins cinq ans.
La xénophobie est, une fois de plus, avant tout affaire de problèmes économiques et de tensions sociales. Le tout dans un contexte de crise…