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La Suisse : paradis fiscal ou modèle économique ?

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En ces temps de crise et de lutte contre l’évasion fiscale, la Suisse est souvent, à son corps défendant, placée sur le devant de la scène. Conspuées, ses banques sont accusées de drainer l’épargne des riches européens à son profit, et au détriment des services fiscaux des pays de l’Union. Pourtant, si l’on prend la peine de porter attention à ce petit pays très discret, on pourra s’étonner de son extraordinaire prospérité.

La Suisse regroupe 3 inconvénients macro-économiques majeurs : elle n’a pas la moindre ressource naturelle (même pas de gaz de schiste), son marché intérieur est minuscule (8 millions d’habitants), et elle n’a aucun accès à la mer… Et pourtant : le PIB PPA (parité pouvoir d’achat) par habitant figure parmi les plus élevés du monde (le pouvoir d’achat des Suisses est de 25% supérieur à celui des Français) et son taux de chômage, 2,9% en 2012, a de quoi faire pâlir de jalousie n’importe quelle autre pays européen.

Tordons le coup à une idée reçue : la richesse de la Suisse ne provient pas uniquement de son secteur bancaire et de sa fiscalité attractive sur les grandes fortunes.

Certes, les banques ont un poids majeur dans l’économie (le secteur bancaire pèse 5 fois le PNB), et il ne faut pas le négliger. Cependant, si la confédération helvétique ne se reposait que sur ses banques, elle ne pourrait afficher un excédent commercial de plus de 20 Mrds€ (4.1% du PIB)!

On peut résumer à grands traits les 6 piliers de la réussite économique de notre petit voisin alpin :

1 – Les cantons suisses (qui jouissent d’une très large autonomie) et l’Etat fédéral (qui a en réalité très peu de pouvoir) sont réputés pour leur grand sérieux budgétaire : ainsi, la Suisse a une dette publique à 35% seulement du PIB.

2 – La flexibilité du marché du travail en Suisse est louée par le FMI.

3 – La fiscalité est d’une complexité terrifiante, chacun des 26 cantons jouissant d’une large autonomie sur ce domaine. Elle reste néanmoins, et en moyenne, très attractive.

4 – L’économie suisse est très diversifiée, et a su se spécialiser, tant dans l’industrie que dans l’agriculture, sur des productions à très forte valeur ajoutée (qui permettent de payer des salaires très élevés à des travailleurs très qualifiés… Et donc de nourrir l’épargne et la consommation). Le pays est classé au 1er rang mondial des pays les plus compétitifs (source : Coface). Outre les services financiers (10,5% du PIB), le pays compte parmi ses fleurons l’industrie chimique (37% des exportations), l’horlogerie (et oui, les coucous suisses représentent tout de même 21% des exportations !), l’industrie mécanique haut de gamme et le (très lucratif) trading de matières premières. Le recueil des évadés fiscaux n’est donc qu’une activité parmi tant d’autres !

5 – Le tissu économique helvétique repose sur un tissu dense de PME très innovantes, flexibles et résolument tournées vers l’export.

6 – Le pays est le berceau de certains des plus grands groupes mondiaux, parmi lesquels Nestlé ou la banque UBS, très critiquée (à raison) en France actuellement.

Certes tout n’est pas rose au pays de Calvin : la flexibilité du marché du travail n’est pas (du tout) suivie par la sécurité chère aux français, et la bonne tenue des finances publiques cache un système social plus squelettique.

Depuis le début de la crise, on nous parle du « modèle allemand » ou du « modèle scandinave ». En termes de réussite économique, le « modèle suisse » semble bien plus intéressant : seule la Norvège est à son niveau… Seulement grâce au pétrole !

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