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C’est à l’Afrique de décider de son avenir

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Françafrique, Chinafique, Indafrique, autant de concepts créés au fil des décennies pour désigner l’emprise d’un pays ou d’un continent sur la destinée africaine. L’Afrique est en effet le continent le plus exposé au monde aux velléités expansionnistes (colonialistes ?) de certains. Mais sans que ce ne soit, pour autant, irrémédiable.

Nous avons évoqué, il  y a quelques semaines, le renouveau de la Françafrique sur une partie du continent et le début d’une razzia chinoise dans bon nombre de pays africains. La coexistence de ces deux phénomènes n’est due qu’à un petit nombre de facteurs : sur-représentation et diversité des matières premières exploitables, manque de moyens techniques, financiers et humains nécessaires à leur exploitation. Rien de plus. Une Afrique plus revendicative ressemblerait à l’Amérique du Sud. Une Afrique plus engagée et prête à tout sacrifier devant la sacro-sainte valeur « travail » ressemblerait à l’Asie du Sud-est. Bref, les deux pôles majeurs de croissance depuis de nombreuses années.

Aujourd’hui, cette Afrique comprend peu à peu que France, Chine, Inde et Etats-Unis, sous couvert d’être ses bailleurs de fonds officiels, ne sont autres que ceux qui courent à sa perte. Certes, elle n’est pas capable, à ce jour, de se passer entièrement de l’appui de ces investisseurs. Néanmoins, lorsqu’elle voit, au fur et à mesure, que l’exploitation des richesses du sous-sol ne profite ni directement (sous forme d’emplois) ni indirectement (sous forme de progrès dans la répartition des richesses par l’Etat) à ses citoyens, c’est un pas de plus qui est franchi vers la sortie d’un sous-développement largement trop prégnant.

Le double jeu africain renforce la dépendance du continent vis-à-vis de l’étranger

Face à cet état de fait, certains Etats africains accueillent l’arrivée d’investisseurs chinois ou indiens d’un trop bon œil. Ayant cherché durant des décennies à trouver un contrepoids à la mainmise française ou britannique, l’arrivée de la Chine ou de l’Inde s’est faite avec une méfiance faible voire quasi-absente, car ces derniers faisaient peu de cas des concepts occidentaux de liberté et de démocratie si peu défendus sur le continent. Or, après quelques années de conquête, les créations d’emploi sont quasi nulles et les infrastructures promises et créées ici et là ne servent, avant tout, qu’aux intérêts de ceux qui les ont construites. Bref, un retour à l’état de fait existant durant la période de colonisation. Pire encore, certains Etats pratiquent toujours une politique très tatillonne vis-à-vis d’entreprises occidentales, tout en ne les pratiquant guère vis-à-vis d’entreprises venues de pays en développement tout aussi (voire plus) peu respectueuses des économies locales. Ainsi en est-il des politiques de « congolisation » des emplois, en vigueur en République du Congo pour les entreprises occidentales… et non pour toutes les autres.

Un tel processus contribue de plus en plus à peser sur les balances commerciales (les importations de produits s’étant généralisées dans les secteurs primaire et secondaire) et générera à l’avenir un « syndrome hollandais » pour beaucoup de pays. La bombe sociale, elle, grandira toujours plus, au fur et à mesure des arrivées massives de Chinois ou d’Indiens, prêts à endurer des conditions sociales et financières que trop d’autochtones sont encore réticents à accepter.

Au final, c’est au continent de prendre la mesure de cet état de fait, qui ne constitue en rien un tournant historique, à part sur l’origine géographique de ces nouveaux colonisateurs. Face au discrédit des politiques économiques occidentales, et aux bombes sociales naissant dans bon nombre de pays en développement, le continent africain a probablement une latitude d’action inégalée depuis des décennies. A lui de la saisir désormais…

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