La reprise de l’économie américaine est-elle durable ?
La Fed a décidé, le mercredi 18 décembre, de réduire ses achats d’actifs à partir de janvier 2014. Elle planifie ainsi l’enterrement du « Quantitative Easing » destiné à financer la relance de l’économie américaine en période de crise : par la hausse de la masse monétaire et les taux d’intérêt très bas, la banque centrale américaine stimulait le crédit et espérait, ainsi, relancer la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Les risques sur l’inflation importaient peu, surtout à l’heure d’une inflation modérée en raison des produits chinois à bas coûts et du pétrole bon marché. Aujourd’hui, l’économie américaine étonne par son dynamisme et la Fed peut justifier son retrait.
L’économie américaine a progressé, au troisième trimestre, de 4,1% en rythme annualisé. La performance est exubérante au regard des taux rencontrés en Europe : 0,2% en France, 0,4% en Allemagne, 1,5% au Royaume-Uni. Quelles en sont les raisons ? Dans un pays où elle représente 70% du PIB, la consommation a été le moteur principal de la reprise américaine : elle a progressé de 2% sur les trois premiers semestres 2013. Les Américains ont à la fois consommé plus de services et de produits ménagers. La résurrection du marché de l’automobile témoigne de cette embellie : +13% pour les véhicules neufs. Grâce à des offres de crédit à taux minimes et au pétrole bon marché, les ménages ont repris confiance. Du côté des entreprises, les investissements ont progressé de 4,8% et le nombre de brevets a explosé. A la faveur d’une relance par la demande, la production industrielle est repartie à la hausse et a atteint, pour la première fois, ses niveaux d’avant-crise. Les bénéfices augmentent et le taux de chômage chute : de 8.6% en novembre 2011, il est passé à 7% en novembre 2013. La flexibilité du modèle social américain (beaucoup de créations et de destructions d’emplois) n’explique pas tout : America is back !
Pourtant, tous les indicateurs ne sont pas au vert. Les stocks ont considérablement gonflé puisqu’ils expliquent 1/3 de la croissance annuelle, ce qui peut laisser entrevoir une méfiance des entreprises vis-à-vis de la durabilité de ce sursaut économique. L’annonce de la remontée des taux américains de crédit, même douce, risque de mettre en péril un modèle tiré par la consommation à crédit. A court-terme, les atermoiements des purotins du Congrès amputent la croissance actuelle et les crises politiques à venir inquiètent. Enfin, le changement de paradigme économique en Chine, c’est-à-dire le passage d’un modèle exportateur à un modèle consommateur, risque de renchérir à terme les prix du pétrole. Rappelons, enfin, que la hausse des prix de l’immobilier (+4% entre décembre 2012 et 2013) a alimenté un effet richesse très fort puisque le consommateur a l’impression d’être plus riche avec cette augmentation de la valeur de son patrimoine et se permet de consommer davantage. Sauf que les salaires réels sont restés stables ! Ainsi, une chute des prix des actifs et la reprise mondiale sera remise en cause. Nous dansons au-dessus du volcan.