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Les inégalités représentent-elles une menace ?

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Lors de son discours sur l’état de l’Union, le mardi 28 janvier, le président Obama a déclaré son intention de lutter contre les inégalités, faisant part de son souhait de voir le Congrès républicain augmenter le salaire minimum. Lors du forum économique de Davos fin janvier, C. Lagarde la directrice générale du FMI, a souligné les dangers pour la croissance mondiale de trop fortes inégalités. Il semble qu’une prise de conscience se forme au sein des élites mondiales. Les inégalités représentent-elles une menace ?

Tout d’abord il apparaît que la montée des inégalités aux Etats-Unis dans les années 1990 et 2000 est une des causes de la crise économique de 2008. La dérégulation financière des années 1980, en démultipliant les possibilités d’investissement, a permis au capital financier d’obtenir une augmentation de son rendement. Celui-ci étant très concentré, il a par conséquent aggravé les inégalités de revenus, d’autant plus que l’accroissement du nombre des salariés très bien payés dans le secteur de la finance a renforcé cette dynamique. A l’inverse le salaire minimum a diminué par rapport au salaire moyen depuis 1980 aux Etats-Unis : la baisse de l’emploi dans l’industrie, la non-revalorisation du salaire minimum et la mondialisation sont à mettre en cause. Le graphique ci-joint montre que les 1% disposant des revenus les plus élevés ont vu progresser leurs revenus par rapport au revenu national, passant de 10% en 1980 à 20% aujourd’hui. Les fortes variations de leurs revenus correspondent aux bulles spéculatives de 2001 et 2008, ce qui illustre que ces revenus proviennent de profits boursiers et non du travail. Selon Keynes, quand le revenu augmente, la part du revenu épargné augmente par rapport à celle consommée, surtout quand on dispose déjà d’un revenu suffisant pour vivre. Par conséquent, l’épargne des plus riches s’est fortement accrue. Cette épargne abondante a permis une baisse des taux d’intérêt et une augmentation des crédits pour ceux dont les revenus n’avaient pas augmenté et qui souhaitaient quand même maintenir leur consommation ou s’acheter un bien immobilier. La bulle immobilière américaine, responsable de la crise financière, est ainsi née. Inégalité rime donc avec crise et spéculation aux Etats-Unis.

Ajoutons que certains étudiants brillants ne vont pas à l’université aux Etats-Unis parce que leurs parents n’ont pas les moyens de payer les frais d’inscription et que le système de prêts fonctionne mal, la société américaine inégalitaire se prive du potentiel d’une partie de ses meilleurs éléments.

Enfin, les inégalités menacent la cohésion sociale dans son ensemble. En effet, selon J. Stiglitz, une trop forte inégalité donne les moyens aux plus riches d’influencer l’écriture de la loi en leur faveur, biaisant ainsi le fonctionnement démocratique. Les Etats-Unis sont à cet égard particulièrement touchés, car le financement des campagnes politiques y est peu réglementé. L’incidence de l’argent dans la politique américaine est flagrante, une étude récente souligne que la moitié des sénateurs américains est millionnaire.

Les inégalités de richesses sont donc néfastes. Dans ce contexte, les politiques de redistribution des richesses, via la fiscalité sur le capital notamment, ainsi que les politiques d’égalité des chances prennent tout leur sens.

Pour aller plus loin : La mondialisation de l’inégalité François Bourguignon. Le capital au XXI siècle Thomas Piketty.

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