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Frontières africaines : quel avenir ?

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Depuis longtemps, les frontières africaines sont un sujet de débat virulent entre géographes, diplomates, sociologues et autres experts. Pour certains, ces frontières, héritées de la colonisation, sont la principale source des maux de l’Afrique tandis que d’autres estiment que les frontières servent de bouc-émissaire et cachent les réels problèmes.

L’Afrique, c’est près de 80.000 kilomètres de frontières terrestres, avec 54 pays. Elles ont été en grande majorité délimitées à la conférence de Berlin en 1885. Tracées par des puissances coloniales d’abord soucieuses de préserver leurs intérêts géopolitiques, seulement un sixième de ses frontières prennent en compte la spécificité géographique des ethnies, des aires linguistiques, des différentes communautés tribales.

Pourtant l’Afrique, malgré des frontières hétéronomes, a connu finalement peu de guerres entre pays voisins. Lors de la période de passage aux indépendances des années 50-60, des conflits éclatent à cause de divergence concernant ces frontières comme la sécession du Katanga ou la guerre des sables entre l’Algérie et le Maroc. Toutefois, la majorité des conflits frontaliers en Afrique s’est réglée devant la Cour Internationale de Justice (CIJ). Cela a été le cas notamment entre le Cameroun et le Nigéria pour la péninsule de Bakassi ou encore entre le Gabon et la Guinée équatoriale pour l’île de Mbanié.

Car dans la vague des indépendances, l’Organisation de l’Unité Africaine (aujourd’hui Union Africaine) a déclaré en 1964 le « principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation ». Et c’est la ligne qu’a tenu l’organisation face aux demandes sécessionnistes. Les seules exceptions étant l’Erythrée, le Soudan du Sud et de fait le Somaliland. Pour certains observateurs comme Michel Foucher, la balkanisation généralisée de l’Afrique n’a pas eu lieu et les frontières africaines sont finalement plus stables que les frontières européennes.

Toutefois, le problème principal qu’a engendré ce tracé extérieur des frontières n’est pas tant les peuples qu’il a séparé mais plutôt celui de communautés qu’il a forcé à vivre ensemble. En effet, des spécialistes de l’Afrique comme Bernard Lugan sont sceptiques quant à l’avenir de ces frontières et voient des conflits internes continuer ou se profiler au Nigéria, en RDC, dans la zone sahélienne. Le cas du Mali est un parfait exemple de disparité économique, culturelle et ethnique entre le Nord et le Sud, le djihadisme ne surfant que sur ces problèmes plus profond de cohésion nationale.

Pour autant, la plupart des pays africains montrent leur attachement à ces frontières, notamment avec la mise en place depuis 2007 par l’Union Africaine d’un programme « frontières ». Ce programme a pour but de faire de l’Afrique une vaste zone d’échanges commerciaux et culturels, en donnant aux frontières un rôle de partage et de coopération plutôt que de séparation.

Mais paradoxalement, pour bien intégrer, il faut commencer par bien séparer les États. Or la plupart des frontières sont mal bornées et mal gardées en Afrique. Cette absence de démarcation est synonyme de non-contrôle aux frontières et d’instabilité des régions frontalières. Aujourd’hui, particulièrement dans la zone sahélienne, ces frontières quasi-inexistantes sont transgressées par les réfugiés, le commerce informel, les djihadistes, les conflits armés. L’urgence semble pour les pays africains alors être, plutôt qu’un débat sur l’origine et la légitimité de ces frontières, d’exercer leurs fonctions régaliennes dans ces zones frontalières instables et d’améliorer le vivre-ensemble dans des États multi-ethniques.

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