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La CAN, une chance ou un fardeau pour les pays africains ?

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Alors que l’édition 2015, censée se tenir au Maroc en janvier, de la fameuse compétition bisannuelle africaine risque très prochainement d’être reportée à cause d’Ebola, la question de l’organisation de la CAN pose toujours autant débat. Entre vitrine d’une Afrique modernisée et vecteur de tensions très fortes, la Coupe d’Afrique des Nations reste un paradoxe pour l’observateur extérieur.

Le football, vecteur de développement en Afrique?

C’est au Soudan en 1957 que se tient la première édition de la CAN. Cette organisation est déjà une revendication politique. A cette date en effet, seuls quatre fédérations africaines sont membres de la FIFA : le Soudan, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud et l’Egypte. En affirmant la possibilité d’organiser une compétition sportive exclusivement africaine, les fédérations participantes envoient un message fort. Mais déjà, des problèmes dépassant le sport gangrènent cette édition : l’Afrique du Sud décide de ne pas y participer, par refus d’envoyer une équipe multiraciale…

Indéniablement, l’organisation d’une telle compétition (16 équipes désormais peuvent se qualifier) implique un investissement économique considérable de la part de l’Etat organisateur. Ainsi, lors de l’édition 2012 co-organisée par la Guinée équatoriale et le Gabon, plus de 400 milliards de francs CFA (soit environ 600 millions d’euros) auraient été alloués à cet évènement par le gouvernement d’Ali Bongo (président gabonais). Le jeu en a valu la chandelle puisque la légitimité de ce régime autoritaire aurait été renforcée par le succès de la compétition.

Malgré le coût, les retombées économiques ont pu s’avérer positives pour le pays organisateurs. L’édition 2002 au Mali avait permis un net décollage de l’économie de cet Etat pauvre. En effet, la CAN a permis la construction de routes viables changeant la physionomie de Bamako ainsi que de deux aéroports à Sikasso et Kayes. Elle a également entraîné une croissance du secteur des BTP de 9 % sur les années 2000 à 2002, ainsi qu’une très nette dynamisation des secteurs tertiaires et secondaires. Ces quelques signaux positifs n’ont cependant pas, on le sait, permis d’enrayer la spirale de la guerre civile et du terrorisme au Mali.

Le retour des incidents dans la période récente

Depuis une dizaine d’années l’on constate hélas un fort retour des considérations politiques venant ternir la belle dynamique de la CAN. L’édition 2010 en Angola a ainsi été marquée par l’attaque du bus de l’équipe du Togo par des groupes séparatistes, causant trois morts. La Libye devait de même organiser l’édition 2013, mais a dû « échanger » avec l’Afrique du Sud pour bénéficier d’un report, en raison de la révolution alors à l’œuvre. Au regard de la situation actuelle, on ne peut affirmer avec certitude que la compétition aura bien lieu. On a enfin pu critiquer l’attribution au Cameroun de l’édition 2019, en raison de la proximité de certaines zones prévues avec les secteurs d’influence de Boko Haram…
On le voit donc, l’organisation d’une compétition sportive de l’ampleur de la CAN soulève des enjeux importants et mutuellement imbriqués pour les pays africains. On peut toutefois sans mièvrerie espérer qu’à terme, les valeurs véhiculées par le sport apporteront leur pierre à la stabilisation et à la démocratisation du continent.

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