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L’art du double jeu en diplomatie

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Il est très difficile pour les grandes puissances de se tenir à une seule ligne diplomatique. La complexité des relations internationales depuis la fin de la Guerre Froide rendrait une telle unicité trop simpliste. Néanmoins, le discours politique continue à maintenir les citoyens dans une certaine opacité en de nombreux exemples.

Refuser de vendre un navire à la Russie mais vendre des avions de guerre à l'Egypte : la France, comme toutes les grandes puissances, nous propose parfois des choix diplomatiques peu logiques...
Refuser de vendre un navire à la Russie mais vendre des avions de guerre à l’Egypte : la France, comme toutes les grandes puissances, nous propose parfois des choix diplomatiques peu logiques…

Une France qui refuse de vendre un navire de guerre à une puissance accusée d’ingérence en Ukraine, mais qui vend au même moment des avions militaires à d’autres soutenant ouvertement les terroristes de l’Etat islamique. Une Russie qui plaide la non-ingérence sur tous les conflits du Moyen-Orient mais qui a choisi d’intervenir en Ukraine. Des Etats-Unis, enfin, qui ont très longtemps soutenu les mouvements islamistes au Moyen-Orient avant d’aller les défier sur leur propre territoire (Afghanistan, Irak). A travers ces trois exemples, qui en cachent beaucoup d’autres, se manifeste une nouvelle ère dans la diplomatie internationale : celle que l’on peut juger pragmatique, réaliste, où la diplomatie est otage de l’économie et où les amis d’hier pourraient bien être les ennemis de demain.

Ces trois exemples n’ont pas été exposés dans le but d’être critiqués. Tout pays est heureusement en droit de mener la diplomatie qu’il souhaite dans le monde, si cela a pour but de défendre son propre intérêt, et éventuellement l’intérêt général. Néanmoins, ce qui est critiquable est la négation par bon nombre de chefs d’Etat de cet état de fait. A part dans le simple but de maintenir le citoyen dans un état d’ignorance (même si de plus en plus d’entre nous tentent de s’intéresser aux affaires du monde, et c’est tant mieux), il n’y a pas véritablement d’explication justifiable au fait de nier l’évidence : la complexité du monde rend la notion de bloc, et même d’idéologie, caduque. Il ne s’agit plus de la guerre entre capitalisme et communisme. Les conflits actuels vont bien au-delà et les théories des relations internationales ont bien du mal à s’adapter à la dure réalité du monde.

Double, triple jeu et même plus : le fort risque de s’y perdre…

Dans un monde où le politique est dépassé, voire absorbé, par l’économie et la finance, il est donc fort logique que les grandes décisions diplomatiques soient guidées très souvent par un pur impératif économique. Or, le monde tel qu’il s’est développé depuis les années 1980 n’est autre chose qu’imprévisibilité et court-termisme. Les décisions politiques sont toutes désormais guidées par l’urgence, ce qui a conduit en de nombreuses fois en des cacophonies fort inquiétantes. L’exemple de l’intervention en Libye en 2011, largement soutenue à l’époque et désormais critiquée de toutes parts, le rappelle à de nombreux égards : ce qui est valable aujourd’hui ne le sera probablement plus demain.

Faut-il être pessimiste face à cette mutation unique du monde et à ses effets sur la nécessaire urgence des décisions diplomatiques à prendre ? Non, si bien sûr le citoyen est maintenu dans un certain état d’ignorance face à cette imbrication entre mondes économique, politique et diplomatique. Néanmoins, les arguments risquent de manquer pour nos hommes politiques à force de croire qu’il n’y a qu’un Bien à défendre et qu’un Mal à combattre. Cela ne crée que des alliances guère durables et potentiellement plus dangereuses qu’utiles. Au citoyen de s’intéresser un peu plus aux décisions prises par celui ou celle qu’il a élu(e)…

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