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Que reste-t-il des opérations extérieures françaises en Afrique ?

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A la fin du mois de Janvier 2016, le Ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian annonçait que le gouvernement comptait mettre fin à l’opération Sangaris au cours de l’année. Cette annonce sonne-t-elle l’atteinte d’un objectif ou l’abandon d’un projet dont les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes ? Pour autant, cela ne signifie en rien les retraits des différentes forces armées françaises temporaires sur le continent africain.

Après l'annonce de l'arrêt de l'opération Sangaris, quel positionnement en Afrique pour le ministre de la Défense français ?
Après l’annonce de l’arrêt de l’opération Sangaris, quel positionnement en Afrique pour le ministre de la Défense français ?

Tout d’abord, il est nécessaire de distinguer les forces temporaires des forces de présences, eux-mêmes inscrites dans un cadre différent de celui des forces sous mandat international et des forces de souveraineté. Les forces de présence se veulent des forces davantage stratégiques alors que les forces temporaires reflètent la perception d’une nécessité d’intervention par les autorités françaises. Toutefois, les forces temporaires sont de plus en plus fondées sur des défenses d’intérêts tant politiques qu’économiques : elles sont de plus en plus stratégiques.

Si la France tâche de ne pas toujours agir seule puisqu’elle est un soutien de poids dans quelques opérations multinationales comme au Mali avec les forces EUTM et MINUSMA, en encore en Côte d’Ivoire pour l’opération ONUCI, elle cherche aussi à défendre ses intérêts singuliers (ou des intérêts potentiels) sur le continent africain.

Plus de 2 ans après son lancement, Sangaris est en fin de vie. Si l’opération a permis de calmer les ardeurs des opposants à la nouvelle présidente en place, et à ainsi laisser place à un calme relatif à Bangui, le constat est différent dans le reste du pays. Le processus de désarmement des milices n’a pas été complètement effectué tant par manque de pression militaire sur les milices armées (la MINUSCA étant doté d’une capacité opérationnelle plus que limitée) que par faible agissement sur les sources de financement de ces milices (exploitation des ressources, des mines,…) : la paix reste fragile. Sangaris ne se voulait qu’une opération visant à rétablir l’ordre en Centrafrique. Il ne faudrait pas voir les affrontements civils et militaires de 2013 comme les uniques fondements de la déliquescence africaine. En réalité, on s’aperçoit que les nouvelles institutions centrafricaines n’ont aucune ou très peu de volonté de s’attaquer à l’essentiel (régulation du style de vie des élites), de satisfaire les demandes de la société centrafricaine hors division. Ainsi, pourrait-on mieux expliquer, selon Roland Marchal, l’incapacité des forces françaises à effectuer le réajustement et à éviter la partition sous-jacente du pays.

Au contraire de Sangaris, l’opération Barkhane est maintenue. Pourtant, les critiques sont tout aussi fortes. La réduction progressive des moyens empêche un réel quadrillage de la zone saharo-sahélo-guinéenne, quadrillage nécessaire pour l’éradication du terrorisme islamiste régional. L’opération Barkhane a réussi à renforcer le caractère hermétique de la frontière entre la Libye et le Niger dans le but d’éviter l’implantation du djhadisme libyen dans le Sahel, à protéger les zones proches du Lac Tchad pour éviter la propagation de la situation d’embrasement provoqué au Sud par Boko Haram. Toutefois, ces lignes défensives vont, selon Jean-Dominique Merchet, devenir une « ligne Maginot » et ainsi créer de nouveaux chemins, de nouvelles zones d’implantation de réseaux islamistes. On peut facilement dresser un parallèle entre la question des intérêts propre à une région et le maintien de forces armées dans cette région. L’opération Barkhane se situant le long de la bande sahélo-saharienne agit dans les régions où la France a des intérêts à défendre. La présence simultanée d’un mouvement indépendantiste touareg (MNLA : Mouvement national de libération de l’Azawad) et d’un islamisme militant (AQMI, MUJAO, Ansar Eddine) met en danger certaines positions économiques françaises.

C’est l’opération Corymbe qui marque le flou entre forces de présence et forces temporaires. En effet, en vigueur depuis 1990, elle souligne l’intérêt français pour nouer des relations diplomatiques avec les pays en développement du Golfe de Guinée parmi lesquels le Nigéria et le Ghana mais surtout pour assurer la sécurité des gisements pétroliers offshore. Corymbe est ainsi une opération temporaire aux fondements stratégiques, c’est ici le paradoxe des opérations extérieures françaises actuelles

Finalement, les opérations extérieures françaises en Afrique ne sont pas le fruit de grand projet mais de nécessité puisque les organisations régionales et les états ne sont pas capables de rétablir la situation. Les opérations Serval et Sangaris constituent des réponses ponctuelles à des situations isolées et n’ont pas vocation à se généraliser sur l’ensemble du continent. Concernant ces forces temporaires, il s’agit « de guerres subies plus que des guerres choisies » selon Gregor Mathias. Cela souligne l’intérêt français à apporter son soutien aux pays africains en difficulté mais ne signifie pas un retour de la France comme un gendarme de l’Afrique. Au contraire, elle ne cherche désormais qu’à protéger des intérêts économiques, ce qui passe encore aujourd’hui par des interventions militaires de grande envergure.

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