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Afrique du Sud : J. Zuma échappe à l’impeachment

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Le vendredi 8 avril au soir, le Président d’Afrique du Sud Jacob Zuma s’est exprimé en direct à la télévision. Les habitants du pays attendaient beaucoup de cette allocution, annoncée à peine une heure avant la prise de parole de l’homme d’Etat. Beaucoup pensaient qu’une annonce importante allait être faite, étant donné que la dernière fois qu’une programmation s’était faite dans une telle précipitation, c’était pour annoncer le décès de Nelson Mandela. De plus, comme J. Zuma navigue en eaux troubles depuis de nombreux mois, certains voyaient une démission se profiler à l’horizon. Il n’en a rien été. Le Président a tout simplement présenté ses excuses à son peuple.  

Le Président d'Afrique du Sud Jacoba Zuma, ici au Parlement le 17 mars dernier, a échappé à une procédure de destitution. (c) Reuters
Le Président d’Afrique du Sud Jacoba Zuma, ici au Parlement le 17 mars dernier, a échappé à une procédure de destitution. (c) Reuters

Cela fait déjà plusieurs années que le scandale Nkandla – du nom de la résidence privée du Président – entache la réputation de J. Zuma. Fin 2013, il a en effet été révélé qu’il avait utilisé des fonds publics afin de rénover cette propriété. Ces travaux – dont la facture s’élève à un peu plus de 20 millions d’euros – incluaient notamment la construction d’une piscine présentée comme un élément de sécurité. Cette affaire s’est ajoutée à la liste des protestations du mouvement « Zuma must fall » (« Zuma doit partir »), qui dénonce notamment les histoires de corruption à répétition et la situation globale du pays.

La Cour constitutionnelle a été saisie par les deux principaux partis d’opposition (L’Alliance démocratique, DA et Economic Freedom Fighters, EFF) le 9 février 2016 pour que J. Zuma rembourse l’État. La décision de la plus haute instance judiciaire du pays, rendue le 31 mars, a été sans appel. Les onze juges ont été unanimes : selon eux, J. Zuma a violé la Constitution en ne remboursant par l’argent public utilisé pour les travaux. Immédiatement, les leaders de l’opposition ont décidé de lancer une procédure d’impeachment, afin de destituer J. Zuma.

Afin d’aboutir, la procédure d’impeachment doit récolter au moins deux tiers des voix de l’Assemblée nationale. Étant donné que, depuis les élections législatives de 2014, le parti du Président, le Congrès national africain (ANC) dispose de 249 députés sur 400,  la tâche semblait impossible.

Les partis d’opposition ont en effet essuyé un cuisant échec – 233 votes contre la destitution vs. 143 pour la destitution. Mmusi Maimane, leader de DA a fait son possible pour convaincre les députés que la décision de la Cour constitutionnelle devrait marquer « la fin du président Zuma ». Il est même allé jusqu’à le comparer à « une tumeur maligne » accrochée à l’ANC, et qui finirait par lui nuire.

Cependant, l’emprise de J. Zuma sur son parti est toujours aussi importante. L’ANC est à la tête de l’Afrique du Sud depuis 1994, et beaucoup de ses dignitaires ne sont sûrement pas prêts à laisser leurs places. De plus, les députés ont aussi cherché à se préserver en votant contre la procédure d’impeachment, étant donné que c’est le parti qui choisit qui siègera au sein de l’Assemblée nationale. En effet, le mode de scrutin pour les élections législatives en Afrique du Sud est proportionnel. Cela signifie que les électeurs votent pour un parti, et qu’ensuite, après les résultats, chaque parti choisit qui siègera au sein de la chambre basse du Parlement. Affirmer publiquement vouloir destituer J. Zuma pourrait être synonyme de suicide politique pour eux.

J. Zuma est donc parvenu à s’en sortir, pour le moment. Le mouvement « Zuma must fall » n’est pas prêt de faiblir. La décision de la Cour constitutionnelle rappelle tout de même que même les hommes d’État ne sont pas au-dessus des lois. De plus, une véritable sanction sera peut-être exprimée à travers les urnes le 3 août 2016, lors des élections municipales.

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