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Démission de Nicolas Hulot, symbole de l’engagement écologique limité du gouvernement

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« Let’s make our planet great again”, c’est ce que déclarait Emmanuel Macron en juin 2017, en réponse au retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. La phrase avait alors été reprise à l’international, et le président français perçu comme leader mondial de la lutte contre le réchauffement climatique. Quatorze mois plus tard, le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, annonce sa démission. Les divergences entre ce dernier et le gouvernement se sont en effet accumulées durant cette première partie de quinquennat, dont le bilan écologique reste limité. Si intérêts économiques et transition écologique semblent difficilement compatibles sur le territoire national, certains Etats témoignent pourtant de leur complémentarité.

Macron, leader mondial de la transition écologique ?

Démission de Nicolas Hulot, symbole de l'engagement écologique limité du gouvernement
N. Hulot et E. Macron lors de la COP 23 à Bonn. [John MACDOUGALL / AFP]

La réaction d’Emmanuel Macron à la décision de Donald Trump de sortir de l’accord de Paris lui vaut de faire la une des médias du monde entier. Le président français, fraîchement élu, se positionne ainsi en protecteur et promoteur du texte signé en 2015. Il annonce l’octroi de bourses aux chercheurs internationaux travaillant sur le réchauffement climatique, et les invite à s’installer en France. Alors qu’il était l’un des candidats à la présidentielle à accorder le moins de place au climat dans son programme[1], ce dernier occupe désormais une place centrale dans son agenda diplomatique.

En atteste l’organisation du One Planet Summit en décembre 2017 qui suit de peu la Conférence de Bonn, à l’occasion du deuxième anniversaire de l’accord de Paris. Emmanuel Macron en est l’instigateur, soutenu par le Secrétaire général de l’ONU et le président de la Banque Mondiale. Le but du sommet est d’accélérer la mise en œuvre de l’accord de 2015 en promouvant la coopération entre gouvernements, acteurs publics et privés, et société civile. Le rassemblement s’est conclu sur une liste d’engagements encourageant de banques, d’entreprises, ou encore de collectivités locales. Cependant, il semble plus facile de tenir des propos prometteurs lors d’une conférence internationale plutôt que de les appliquer comme lignes directrices au niveau national. Nicolas Hulot le sait parfaitement. Il a d’ailleurs été particulièrement discret lors de cet évènement, comme il le sera tout au long de son mandat face à des intérêts bien supérieurs à son pouvoir d’action.

Une position européenne ambigüe

Emmanuel Macron continue pourtant à faire espérer du changement. En mars dernier, alors que la Commission européenne présente son plan d’action sur la finance durable, le président français est le seul dirigeant européen à faire le déplacement. Il y prône des objectifs climatiques plus ambitieux pour l’Union européenne, et une meilleure cohérence entre les politiques écologiques des pays membres[2]. Quelques mois plus tôt, la France figure sur la courte liste à voter en faveur du raccourcissement du délais de l’interdiction du glyphosate : celle-ci se fera sous cinq ans, au lieu de dix initialement prévus. Nicolas Hulot visait lui, l’interdiction du pesticide cancérigène sous 3 ans ; mais les conflits d’intérêts sont variés et nombreux.

En témoigne la décision de la France, début 2017, de voter contre l’amendement controversé du Parlement européen sur l’huile de palme. Celle-ci doit cesser d’être utilisée comme agrocarburant d’ici 2021. Or, il s’avère que l’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, est sur le point d’acheter plusieurs Airbus à la France. Le ministre indonésien du commerce a énoncé une condition sine qua none pour finaliser l’achat : cet amendement de l’Union européenne ne doit pas passer[3]. Cela explique aisément la position de la France. Ainsi, malgré la communication d’Emmanuel Macron autour de la finance verte lors du One Planet Summit, les intérêts économiques à court terme continuent de primer sur l’urgence climatique.

Des Etats précurseurs

Pourtant, certains pays semblent avoir mis cette dernière au cœur de leur programme politique national[4]. C’est notamment le cas de l’Islande, dont la totalité de l’électricité provient d’énergies renouvelables. L’Ethiopie se positionne pour sa part comme leader africain en la matière, avec 90% de sa production électrique venant de barrages hydroélectriques. Le pays s’est également engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 64% d’ici 2030. Il s’agit de l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. Quant à la Norvège, elle arrive au premier rang européen en termes de transition énergétique. C’est aussi l’un des premiers pays à avoir mis en place la taxe carbone.

Ainsi, les ambitions de l’ex-ministre de la transition écologique et solidaire concernant la politique climatique de la France ne sont ni inatteignables, ni impossibles à mettre en place. La pièce manquante est le réel engagement du gouvernement en la matière, et la volonté politique de faire face aux puissants lobbys, notamment du nucléaire ou de l’industrie. Bien que le président s’affiche comme leader de la transition écologique sur la scène internationale, les déclarations sont très rarement suivies d’effet sur le territoire national. On comprendra donc aisément la décision de Nicolas Hulot de quitter le gouvernement, quand les intérêts particuliers dictent la loi, faisant fi de l’urgence climatique.

[1] Que proposent les candidats en matière d’environnement, Le Monde, 17.04.2017. Disponible sur: https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/04/17/avantlevote-que-proposent-les-candidats-en-matiere-d-environnement_5112454_4355770.html

[2]  Un an d’Emmanuel Macron au pouvoir, un héraut mondial du climat mais des décisions attendues au niveau national, Novethic, 07.05.2018. Disponible sur: https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/apres-un-an-au-pouvoir-le-bilan-mitige-d-emmanuel-macron-sur-l-environnement-en-5-points-145791.html

[3] L’Indonésie conditionne l’achat d’avion à l’huile de palme, Reuters, 21.08.2018. Disponible sur: https://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRKCN1L610N-OFRBS

[4] Six pays qui cherchent l’indépendance énergétique, Le Journal International, 01.07.2015. Disponible sur: http://www.lejournalinternational.info/six-pays-qui-cherchent-lindependance-energetique/

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