Rétrospective 2015 : La COP 21, une réussite?
Le 12 décembre 2015 a été conclu un accord d’emblée qualifié d’historique sur le changement climatique.
L’accord de Paris, protocole additionnel à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), est tout d’abord historique en ce qu’un consensus a été trouvé entre les 195 Etats parties à la CCNUCC. Par ailleurs, le fait que chaque pays doive afin de participer à l’accord en fournissant une contribution nationale a permis à cet accord de dépasser la traditionnelle dichotomie pays développés / pays en développement en prenant en considération de manière plus fine les besoins spécifiques de chacun. A partir de ces constats les pays devront fournir des informations régulières sur la mise en œuvre de mesures visant à contenir les effets du réchauffement climatique. Toutes les parties ont ainsi des obligations similaires mais différenciées. Les craintes de revoir un blocage similaire à celui de Copenhague où les BRICS s’étaient illustrés par leur manque de coopération se sont rapidement dissipés : le Brésil reprenant son rôle de puissance émergente a fait office de liaison entre pays développés et en développement durant les négociations tandis que la Chine, désormais désireuse d’un accord, a limité son action de blocage au sein du G77 où l’Afrique du sud a tenté de concilier les différentes positions.
Un consensus historique autour de quoi ?
L’accord de Paris dont la ratification débutera en avril 2016 et l’entrée en vigueur se fera en 2020 si 55 Etats représentant a minima 55% des émissions mondiales le ratifient à cette date, prévoit de « contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les actions menées pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C ». De nombreux scientifiques se montrent dubitatifs face à cet objectif, le réchauffement ne pouvant être contenu, selon les estimations, en dessous de 3°C quand bien même les différentes mesures seraient mises en œuvre. D’autres y voit la possibilité d’envisager un « super-Kyoto » d’ici quelques années lorsque la renégociation de cet accord sera nécessaire. L’innovation en matière de technologies non carbonées ainsi que de nouvelles mesures en matière de marché des droits d’émission et de taxation carbone sont ainsi vues comme les moyens de donner un sens à cet accord sur le long terme. Le développement d’une politique climatique nationale concrète que les contributions nationales vont engendrer ainsi qu’un renforcement de l’expertise pays permettront, notamment aux pays en développement, de favoriser un développement soutenable. De plus, à partir de 2020, les pays développés devront verser 100 milliards de dollars par an aux pays en développement. Cette mesure touche un des principaux enjeux des négociations, celui du financement de l’adaptation et l’atténuation du changement climatique et s’inscrit dans la continuité du fonds vert pour le climat. En revanche la question de la gestion des pertes et des dommages liés à l’impact diversifié du réchauffement climatique sur les petits pays insulaires par exemple (Kiribati, Tuvalu) n’a pas été concrètement résolue et attendra la COP22 qui se déroulera fin 2016 au Maroc. D’autres sujets pourtant cruciaux ont également été laissés de côté tel que les modalités d’un objectif de neutralité des émissions de gaz à effet de serre (GES) ou la prise en compte des transports aériens et maritimes dont les émissions devraient représenter un tiers des GES d’ici à 2050. Les ONG déplorent enfin le caractère non contraignant de cet accord qui se borne à donner une orientation et des objectifs généraux sans entrer dans les modalités pratiques, afin justement de permettre un consensus.
Ces différentes limites n’enlèvent rien au caractère sinon historique, au moins inédit de cet accord permettant de définir une orientation globale en matière de lutte contre le changement climatique.Elles seront discutées lors de la prochaine étape, la COP22, dont l’objectif sera de permettre à l’accord de Paris d’être effectivement opérationnel.