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La Russie et la Chine enterrent la résolution du conseil de sécurité de l’ONU : entre marchandages et cynisme.

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C’est l’exaspération qui domine chez les occidentaux après que la Russie et la Chine ont opposé leur droit de véto samedi 4 février à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU imposant le départ de Bachard Al-Assad du pouvoir et condamnant la répression sanglante de la population par les forces du régime.

Gérard Araud, l’ambassadeur français a ainsi parlé d’un « triste jour pour ce Conseil, pour les Syriens et pour les amis de la démocratie » quant à l’ambassadrice américaine Susan Rice, elle a ajouté que « toute nouvelle effusion de sang sera de leur responsabilité ». Pour le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, ce vote « amoindrit le rôle de l’ONU ». C’est d’autant plus vrai que la ville de Homs a été attaquée dans la foulée par l’armée régulière faisant plus de 200 victimes hommes, femmes et enfants. Les pays arabes se sont aussi indignés, en témoigne la réaction de premier ministre tunisien Hamadi Jebali le 5 février à la Conférence sur la sécurité de Munich : « Le peuple syrien attend des actes […] La moindre des choses est de rompre l’ensemble des relations avec le régime syrien ». Il balaie aussi l’argument de l’ingérence extérieure brandit par Moscou : on ne peut parler « de souveraineté quand un régime assassine son peuple ».

C’est que Moscou et Pékin, s’ils déclarent vouloir « la poursuite de la recherche d’un règlement pacifique de la crise syrienne chronique » d’après l’agence Chine nouvelle, veulent surtout éviter à nouveau les conséquences d’un vote comme celui de la résolution 1973 du Conseil de sécurité. Les russes et les chinois s’étaient alors abstenus de soutenir Kadhafi en mars 2011 mais l’OTAN avait engagé des opérations militaires conséquentes. Or ni la Russie ni la Chine ne souhaite d’ingérence occidentale, et ce pour des raisons de politique intérieure au Caucase et au Tibet.

La Syrie est aussi un partenaire militaire et économique privilégié de la Russie : soutient de longue date aux Al-Assad père et fils, vente d’armes au régime pour 3 milliards de dollars au total, importance stratégique de la base navale russe de Tartous en Méditerranée, dernier avant-poste à l’étranger maintenu depuis l’effondrement de l’URSS, entre autres. La défiance envers l’Occident affichée par un Vladimir Poutine traditionnellement nationaliste et  actuellement en campagne pour redevenir président et qui se heurte pour la première fois à une résistance de sa population y est aussi pour beaucoup.

Plus globalement, c’est le mécanisme actuel de véto du conseil de sécurité qui pose problème comme le souligne M. Jebali : « C’est un droit dont on abuse. La communauté internationale doit réviser ce genre de mécanisme ».

Le droit de véto a besoin d’être réformé pour éviter que des pays aux intérêts aussi divergents que l’Occident, la Russie et la Chine ne paralysent l’institution comme durant la guerre froide. Mais tout n’est pas blanc ou noir : en 2002 la France avait opposé son véto à l’invasion de l’Irak qui a été le plus grand déstabilisateur de la région et pourvoyeur de terrorisme depuis 1979.

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