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Entre le Soudan et le Sud Soudan, la tension ne retombe pas

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Cela fait près de huit mois que le Sud Soudan a fait sécession et, bien que le Soudan reconnaisse son voisin sécessionniste, les heurts ne cessent de se multiplier entre les deux pays. Ainsi, l’armée du Sud Soudan a déclaré hier avoir abattu  un MIG-29 soudanais accusé de procéder à des bombardements en territoire sud soudanais.

Le conflit entre le nord et le sud du Soudan remonte à l’indépendance du pays, en 1956. Ancienne colonie britannique, le pays est divisé entre musulmans au nord et chrétiens et animistes au sud. A cette division religieuse (qui recoupe une division ethnique), s’ajoute une lourde inégalité en ce qui concerne les richesses naturelles. En effet, c’est au Sud Soudan (peuplé d’environ 9 millions d’habitants, contre 32 millions pour le nord) que se trouvent les gisements pétroliers et les réserves minérales (fer, cuivre, chrome, zinc, or et argent), les deux très largement sous exploités. De plus, c’est très naturellement le Sud qui contrôle l’amont du Nil, lui conférant, outre un fort potentiel hydroélectrique et une agriculture prospère, un pouvoir de contrôle sur un fleuve vital pour le Nord.

On comprend donc bien les réticences de Khartoum à laisser partir la partie la plus riche de son territoire. Pourtant, le Sud Soudan a bien gagné le combat pour son indépendance il y a huit mois (le 9 juillet 2011). Du fait d’une forte pression internationale et surtout du fait que Khartoum doit affronter d’autres mouvements sécessionnistes (citons le tristement célèbre Darfour), le président El Béchir a cédé. Pourquoi donc continuer à s’opposer à un pays dont il a très officiellement reconnu l’indépendance ?

La raison principale de cet acharnement est sans doute le soutien accordé par le Sud Soudan aux rebelles qui jalonnent le sud et l’ouest du Soudan.

Ce soutien est volontaire, le nouveau président Salva Kiir Mayardit ne voulant pas laisser tomber ses alliés d’hier, ces mouvements rebelles qui eux, ne sont pas encore sortis victorieux de leur lutte contre l’armée de Khartoum. Ainsi, pour trouver refuge, les rebelles traversent sans problème la frontière entre nord et sud Soudan. Les forces soudanaises, arguant de la mauvaise définition de cette frontière, n’hésitent pas à les pourchasser en territoire sud soudanais, quitte à provoquer l’ire des forces armées du Sud Soudan…

Il est normal qu’un conflit qui dure depuis plus de 50 ans ne puisse se résoudre en quelques mois. Cependant, on peut douter de la volonté des deux acteurs de vouloir véritablement pacifier la situation. En effet, Khartoum ne peut s’empêcher de rêver de la reconquête de sa riche province perdue, alors que les autorités du Sud Soudan ne doivent leur légitimité qu’à leur lutte contre l’armée soudanaise (le Mouvement Populaire de Libération du Soudan s’étant octroyé 70% des sièges à l’assemblée législative du Sud Soudan). Plus d’ennemi, plus de légitimité.

Le pire des scénarios serait donc celui d’un pourrissement de la situation, caractérisé non pas par une guerre ouverte mais par la multiplicité d’incidents de frontières mortels comme celui de mercredi. En somme, une situation similaire à celle du couple Ethiopie-Erythrée : un bien terrible exemple.

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