Sénégal: vigilance autour des élections présidentielles
Les prochaines élections présidentielles au Sénégal auront lieu en 2024. A un an de l’échéance, de nombreux enjeux se profilent pour cette élection. Les récentes entrevues accordées aux médias occidentaux par le leader de l’opposition, Ousmane Sonko, mettent en lumière les principales difficultés auxquelles est confrontée la démocratie sénégalaise.
Le président Macky Sall limité par la Constitution
L’interrogation autour d’une potentielle candidature de l’actuel président Macky Sall demeure. Le chef de l’État sénégalais a affirmé publiquement qu’il respectera la Constitution et qu’il ne cherchera pas à se présenter pour un troisième mandat présidentiel consécutif. Il a indiqué qu’il était confiant dans la capacité de son parti, l’Alliance pour la République (APR), ou de ses alliés, à remporter les élections de 2024 sans sa candidature.
Malgré cela, et bien que la Constitution sénégalaise limite à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs, Sall, élu à la plus haute fonction du pays depuis 2012 (et réélu en 2019), pourrait être tenté de « se préparer à un troisième mandat contesté».
Son principal opposant politique, Ousmane Sonko, est un ancien fonctionnaire des impôts et des douanes. Il apparaît comme le principal candidat dans la course au pouvoir présidentiel. Il a fondé le parti Pastef en 2014. Celui-ci a depuis lors attiré un nombre croissant de partisans avec son discours axé sur la justice sociale, la lutte contre la corruption et la promotion d’une économie sénégalaise plus équitable. Toutefois, Ousmane Sonko est actuellement poursuivi dans plusieurs scandales judiciaires ce qui pourrait fragiliser sa candidature. L’opposant politique, dans un entretien accordé à France 24, a fermement dénoncé ces accusations, imputant le président Sall de mener un complot d’État à son encontre.
Le bilan économique au centre des élections présidentielles de 2024
Un autre enjeu important de ces élections présidentielles est l’économie. Le Sénégal a connu une croissance économique solide ces dernières années. Les électeurs seront donc attentifs aux programmes économiques, à leur capacité à stimuler la croissance et à créer des emplois. Depuis son accession au pouvoir, Macky Sall a mis en place plusieurs réformes économiques et structurelles. Ces réformes ont permis une croissance économique solide, avec une moyenne de 6,6% par an entre 2014 et 2019. Cette croissance est due en partie à des investissements dans des secteurs clés tels que l’énergie, l’agriculture et les infrastructures, ainsi qu’à une augmentation des exportations.
Cependant, malgré ces avancées, le Sénégal reste confronté à de nombreuses difficultés économiques. Le taux de pauvreté reste élevé, avec environ 39% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté en 2018. Le chômage, notamment dans la jeune génération, vient assombrir les résultats.
La dette extérieure croissante, qui a atteint 69% du PIB en 2020, est un frein à l’attractivité économique sénégalaise. De plus, cette dette peut rendre le pays vulnérable aux chocs économiques externes. Les fluctuations des prix des matières premières, ainsi que les perturbations économiques mondiales, sont autant de risques pour l’économie sénégalaise.
Élections présidentielles : les enjeux sécuritaires et de coopération internationale
Le Sénégal est limitrophe à plusieurs États où la menace terroriste est réelle. En effet, des groupes terroristes en provenance du Burkina Faso ou encore du Mali ont commis ces dix dernières années plusieurs attentats sur le sol sénégalais. Le Nord du pays est la principale zone concernée par ces attaques. Bien que le Sénégal ait renforcé son action dans le domaine de la lutte anti-terroriste, il n’est pas à douter que la sécurité sera l’un des enjeux principaux de la campagne de 2024.
La coopération avec la France sera également au centre des débats du scrutin. Ousmane Sonko a pris soin de garder une bonne distance avec les discours «anti-français» en phase dans la région. Côté français, l’incertitude d’une candidature de l’actuel chef de l’État met en difficulté la stratégie diplomatique jusqu’ici envisagée. Un équilibre doit désormais être trouvé afin que la France ne devienne pas au Sénégal «un sujet de politique intérieure».