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Erdogan en Égypte : retour sur les relations turco-égyptiennes (1/2)

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Le 14 février 2024, le président Erdogan s’est rendu au Caire pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir en Égypte d’Abdel Fattah Al-Sissi en 2013. Lors de cette rencontre, les deux chefs d’État ont annoncé leur souhait de renforcer leur relation bilatérale après des années de brouille. Retour sur les relations tumultueuses turco-égyptiennes.

Une relation bilatérale historiquement tumultueuse

Recep Tayyip Erdogan et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, le 21 novembre 2022 à Doha (Qatar).

Ancien pays sous influence ottomane pendant plus de trois siècles, l’Égypte s’émancipe de la tutelle de l’empire au début du XIXe siècle, sous l’impulsion de Mehmet Ali. Elle deviendra en droit un protectorat britannique en 1914 jusqu’aux années 1950. 

De son côté, l’Empire ottoman disparaît à la fin de la Première Guerre mondiale. Cela donne naissance à la nouvelle République de Turquie en 1923, dirigée par Mustafa Kemal.

La guerre froide va raviver les tensions entre ces deux pays. Alors que l’Égypte opte pour un rapprochement avec l’Union soviétique, la Turquie se tourne, elle, vers les Occidentaux. Celle-ci deviendra membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 1952.

Au cours du XXe siècle, on note une évolution dans les relations internationales. La Turquie se rapproche de son environnement régional proche. Quant à l’Égypte, on assiste à une amélioration de ses relations avec les États-Unis, après la signature des accords de Camp David. Toutefois, cela ne débouche pas sur une véritable amélioration des relations turco-égyptiennes.

Au début de la décennie 2000, la Turquie voit son image au Moyen-Orient évoluer favorablement. Elle sera perçue par beaucoup comme un modèle à suivre. Une nouvelle politique étrangère turque se dessine avec la doctrine de « zéro problème avec les voisins ». On note alors un rapprochement avec de nombreux pays de la région dont l’Égypte, avec qui les points de divergences demeurent cependant. 

Les soulèvements arabes, un point de bascule

Les soulèvements arabes qui éclatent en Égypte, notamment au début de la décennie 2010, modifient les dynamiques géopolitiques en place. Dans un premier temps, l’arrivée de Mohammed Morsi à la tête du pays renforce les relations entre Ankara et Le Caire. Effectivement, soutien de la mouvance des Frères musulmans, Erdogan annonce même des investissements dans le but d’aider le pouvoir à relancer l’économie.

Cependant, suite au coup d’État militaire de 2013 en Égypte, le général Al-Sissi arrive au pouvoir. Cet événement va entraîner une détérioration des relations turco-égyptiennes. L’expulsion des ambassadeurs conduit à une rupture diplomatique. Recep Tayyip Erdogan s’engage d’ailleurs à ne jamais parler au nouveau président égyptien qu’il qualifie de « putschiste ».

Suite à ces mouvements de contestation, la Turquie se retrouve isolée dans son environnement régional. Cela aura de lourdes conséquences sur sa présence notamment en Méditerranée orientale. 

La Méditerranée orientale, nouveau point de tension dans les relations turco-égyptiennes 

La découverte de gisements gaziers en Méditerranée orientale va renforcer les tensions turco-égyptiennes.

En effet, Ankara, qui ambitionne de devenir un hub énergétique, va tenter de défendre ses intérêts dans la région. Pour cela, le président turc va notamment signer en 2019 un accord maritime et militaire avec le gouvernement de Tripoli. Cela sera fermement dénoncé par Le Caire.

De son côté, l’Égypte, qui dispose des réserves gazières les plus importantes de la région, va chercher à isoler la Turquie du jeu gazier qui se déroule en Méditerranée orientale. Le Caire recevra notamment l’appui d’Athènes et de Nicosie, avec qui Ankara entretient de mauvaises relations. Face à cet isolement, cette dernière va adopter un comportement de plus en plus belliqueux qui va conduire à un renforcement des tensions dans la zone. 

Si les deux pays avaient amorcé un processus de normalisation au début de l’année 2020, la signature d’un deuxième accord turco-libyen sur la prospection d’hydrocarbure offshore va mettre un nouveau coup d’arrêt à ce rapprochement. 

Les relations turco-égyptiennes sont marquées par une rivalité stratégique historique. Cependant, une nouvelle phase des relations bilatérales semble aujourd’hui se dessiner. 

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Jessica HOFF

Diplômée d’un master 2 Géopolitique et prospective à l’IRIS Sup’, Jessica est particulièrement intéressée par les thématiques liées à la Turquie et au Moyen-Orient.

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