Le chômage de masse, nouveau destin des pays développés?
Suite à la crise des subprimes déclenchée à l’été 2007 et à la crise économique de 2008-2009, les taux de chômage se sont envolés dans les pays développés. L’idée d’un chômage de masse structurel refait surface, après avoir temporairement disparu entre 2005 et 2007.
Les trimestres passent et les nouvelles ne changent pas: partout, les taux de chômage atteignent des records. En ce vendredi 1er juin, celui de la zone euro s’établit à un niveau historique de 11%. Aux Etats-Unis, il a encore progressé pour atteindre 8,2% de la population active. On comprend mieux cette expression que les Américains avaient adopté dès 2010 concernant le chômage de masse: «la nouvelle normalité».
Si l’on étudie de plus près les statistiques de l’emploi, cette expression prend en effet tout son sens. Les chômeurs de longue durée, symboles de ce chômage structurel, représentent 40,4% des chômeurs en France, 42,6% aux Etats-Unis et 47,4% en Allemagne, des chiffres en hausse de 5 points en moyenne par rapport à 2009. Parmi ces personnes, les femmes de plus de 50 ans peu qualifiées sont les plus touchées.
L’ensemble des pays développés connaissent ainsi un cercle vicieux du chômage où le chômage de courte durée entraine de plus en plus une exclusion du marché du travail. S’agit-il là de leur nouveau destin?
Depuis trois ans, l’ensemble des pays développés sont victimes de grands plans de suppression d’emplois analogues à ceux de la fin des années 1980 ou des années 2001-2003. Parmi les plus récents: 2000 emplois supprimés par T-Mobile USA, 9000 par la Post AG en Autriche, 5000 par Air France sur les 3 années à venir, etc. La désindustrialisation prend forme et se traduit par des pertes d’emplois définitives, sans possibilité de requalification pour des secteurs en déclin.
La lutte active contre la hausse du chômage est possible, mais elle est sans cesse davantage conditionnée par l’équation budgétaire à respecter. La création d’emplois publics n’est évidemment plus envisageable, mais il en va de même pour des dispositifs de subventions à la création d’emplois. Finalement, le plus acceptable est le plus efficace économiquement mais aussi le plus incertain politiquement: la création d’emplois qualifiés et hautement qualifiés par des grands plans d’investissements publics, à l’image du grand emprunt imaginé par le comité Juppé-Rocard en 2009.
Dans le cadre d’une crise généralisée des finances publiques pour les pays développés, une telle politique semble difficilement envisageable. Sans doute ces pays touchent-ils du doigt les limites de la politique de rigueur. N’est-il pas temps de changer les règles et de renverser la table?