Réélection de Chavez : l’ « irréversible révolution socialiste » ?
C’est avec un score de 54.42% des suffrages qu’Hugo Chavez remporte sa troisième élection depuis son arrivée au pouvoir en 1999 avec l’adoption de la nouvelle Constitution. Son adversaire a reconnu sa défaite tout en encourageant ses partisans à le suivre dans une « nouvelle voie ». En dépit de sa réussite, Chavez doit gérer un pays qui fait face à de nombreuses difficultés que même les pétrodollars ont du mal à réduire.
« Merci mon peuple aimé !!! Vive le Venezuela !!! Vive Bolivar !!! ». C’est par ces mots que le président du Venezuela a signalé sa victoire sur Twitter dimanche 7 octobre. Son adversaire, Henrique Capriles Radonski, qui a obtenu 44.97% des voix, représentait toutes les forces d’opposition à Chavez à droite comme à gauche et a obtenu le score le plus haut pour un opposant au président à une élection. Il a reconnu sa défaite et félicité le président élu tout en précisant que le courant qu’il a construit serait amené à continuer son projet. Il se pose pour l’heure en opposant n°1 à Chavez qu’il a appelé à respecter la moitié du pays qui ne l’a pas choisi. Les élections régionales arrivant en décembre, une tâche importante l’attend et ses soutiens doivent se ressaisir.
Hugo Chavez a salué son opposant, chose d’autant plus étonnante qu’il l’avait affublé son adversaire de qualificatifs peu flatteurs comme « porc » ou « fasciste ». Le taux de participation record de 80% laisse peu de doute sur la légitimité du vainqueur qui attaque son troisième mandat, le nombre de mandat étant illimité depuis le référendum de 2009. A ce sujet, Chavez aime rétorquer à ses contradicteurs qu’il a organisé pas moins de 15 scrutins en 14 ans de pouvoir. Néanmoins celui qui aime à se désigner comme héritier de Castro a utilisé tous les rouages d’un Etat tout puissant pour se faire réélire : judiciaire, médiatique, subventions…
Chavez ne peut se permettre de se reposer sur ses lauriers
Malgré une croissance forte nourrie au pétrole cette année, les réserves de devises étrangères du pays diminuent rapidement. La faute à des dépenses pléthoriques, une dette croissante qui pèse de plus en plus et la dépendance totale au pétrole pour les recettes à l’export et les revenus de l’Etat. Avec une inflation approchant les 20% et un marché noir trois fois supérieur en taux d’échange au marché officiel, les analystes prévoient une importante dévaluation. La santé du président est aussi un sujet d’inquiétude : après avoir subi trois opérations pour traiter un cancer non spécifié (« de l’abdomen » est officiellement avancé), il n’a pas mené campagne avec la même ardeur. De plus, aucune information médicale n’a été transmise au public. Son premier geste fut de nommer un de ses fidèles, Nicolas Maduro, comme vice-président. Ministre des affaires étrangères et membre le plus populaire du gouvernement, l’ancien chauffeur de bus de 49ans remplace à cette tache Elias Jaua.