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Argentine et Brésil : entre relations de bon voisinage et tensions

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L’intégration du Brésil dans le cercle restreint des grandes puissances émergentes devient de plus en plus incontestable. Quant à son voisin argentin, plusieurs graves crises économiques ont perturbé  sa bonne marche vers le développement. Il n’en reste pas moins qu’à ce jour, Brésil et Argentine sont l’exemple parfait d’une relation de « coopétition » régionale.

Sur ces dernières décennies, le parcours économique de ces deux pays présente peu de similitudes. Après plusieurs années marquées par un pouvoir autoritaire, le Brésil a réussi à sortir peu à peu d’une pauvreté importante, et a rejoint le club des grandes puissances émergentes depuis le début des années 2000, porté notamment par son Président charismatique Lula. L’Argentine, quant à elle, après avoir connu ces mêmes années de pouvoir autoritaire, a subi de plein fouet plusieurs crises économiques successives (notamment en 2001), entrecoupées de périodes de croissance notable.

Aujourd’hui, les deux pays, membres du G20, semblent bien plus marqués par une relation de coopération que de rivalité régionale. Ils ont été à l’origine du développement du Mercosur et ont été très actifs pour défendre les intérêts sud-américains dans différents forums mondiaux. La coopération militaire se construit d’année en année, et, commercialement et financièrement, chacun est un partenaire clé pour l’autre, avec des exportations totales qui ont plus que doublé depuis 2006.

N’y a-t-il pas en réalité la place que pour un seul « Grand » en Amérique du Sud ?

Pourtant, à y regarder de plus près aujourd’hui, il semble bien que la seule stratégie économique argentine soit celle de l’arrimage à l’économie brésilienne. Premier partenaire (et de loin !) à l’import comme à l’export, le Brésil est plus que jamais la seule véritable puissance sud-américaine. Plus qu’une différence liée au degré de diversification économique (le Brésil a un avantage indéniable quant à la puissance de son agriculture ou à la diversité de son tissu industriel), c’est la résistance aux aléas économiques mondiaux qui marque une certaine disparité entre les deux pays. Le Brésil s’est ainsi maintenu avec une croissance marquée depuis 2008, alors que l’Argentine doit combattre une inflation galopante et l’existence de deux cours du peso héritées, pour partie, des conséquences de la grave crise de 2001. Par conséquent, face à un retard croissant vis-à-vis du voisin brésilien, l’Argentine a dû récemment imposer certaines barrières douanières sur des produits brésiliens, rafraichissant fortement les relations entre les deux pays.

Au final, les relations bilatérales sont encore loin d’être optimales, beaucoup d’éventuelles complémentarités économiques et politiques restant encore à construire. Dans le monde, peu de puissances voisines peuvent se targuer d’établir des relations économiques fortes sans l’existence d’une rivalité envahissante pouvant à mettre à mal l’équilibre bilatéral. Néanmoins, il faudra veiller à ce que la coopération entreprise depuis plus de vingt ans ne soit pas dégradée par quelques risques internes : accentuation du protectionnisme côté argentin, détérioration de la situation sociale côté brésilien.

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