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Le Mexique d’Enrique Peña Nieto deux ans après, succès et défis

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Le 1er Décembre 2012, l’ancien gouverneur de l’Etat de Mexico Enrique Peña Nieto, candidat du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), a été élu Président du Mexique sur la promesse de mettre fin à la criminalité organisée qui gangrène le pays, à la corruption endémique des pouvoirs publiques et aux monopoles – dans le secteur de l’énergie notamment – qui pèsent sur l’économie. Malgré les craintes de ceux qui voyaient dans l’accession du PRI conservateur au pouvoir un retour à l’inertie et à la corruption qui avaient prévalu pendant sa longue main mise sur l’Etat mexicain (71 ans entre 1929 et 2000), Enrique Peña Nieto s’est révélé être un véritable réformateur et a réussi à imposer un dialogue aux acteurs sociaux. Cependant, bien des blocages persistent dans le pays.

Le magazine américain Foreign Affairs a récemment qualifié les premiers mois du mandat d’Enrique Peña Nieto d’un des « meilleurs départs de l’histoire récente », soulignant l’énergie avec laquelle il s’est immédiatement attaqué aux problèmes de la fiscalité, des syndicats, de l’oligarchie foncière et d’un secteur de l’énergie corseté. Cependant, l’une de ses plus belles victoires fut sans doute la réforme du travail, dirigée contre le secteur informel employant près de 60% des actifs mexicains, qui permet notamment plus de souplesse aux entreprises pour embaucher et licencier leurs employés et, surtout, met en place une pension universelle et des assurances chômage pour les travailleurs du secteur formel. L’habileté politique du Président, qui a réussi à réunir autour d’une même table les trois grands partis politiques du pays, a aussi permis une réforme de l’éducation, la création d’un régulateur pour les médias et l’ouverture de fréquences d’émission pour casser les monopoles dans ce secteur. Les réformes fiscales et financières devraient permettre à l’Etat mexicain d’augmenter ses revenus tout en répartissant mieux la taxation sur les contribuables mexicains. Enfin, en prévoyant d’autoriser la réélection des responsables politiques – le mandat unique favorisant la corruption – et en ouvrant le secteur de l’énergie aux investissements étrangers, il rompt avec la ligne traditionnelle de son parti pour faire du Mexique une économie ouverte sur le monde et une démocratie mature.

Cependant, malgré une volonté politique certaine, rare à ce niveau au Mexique, l’état de grâce dont semblait bénéficier le gouvernement durant sa première année de mandat semble remis en question. La criminalité –meurtre, extorsion, kidnapping- est en hausse et la stratégie de lutte contre les cartels, largement reprise des gouvernements précédents, est de plus en plus critiquée. La corruption, qui avait été un cheval de bataille du candidat Peña Nieto en 2011, continue de représenter près de 10% du PIB mexicain et des scandales frappant des personnalités de haut niveau se produisent régulièrement, minant l’image d’un Etat « propre » portée par le Président. L’ouverture du secteur de l’énergie aux capitaux privés demeure un sujet sensible au Mexique, surtout dans un contexte de baisse des exportations, et le modèle de joint-venture proposé par la réforme de l’énergie est loin de satisfaire les compagnies étrangères.

Ceux qui attendaient du mouvement au sommet de l’Etat mexicain ne sont surement pas déçus après les premiers mois d’Enrique Peña Nieto, mais ils ont peut-être sous-estimé l’ampleur du mouvement dont le pays a besoin.

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