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Quel rôle pour l’OTAN après l’annexion de la Crimée ?

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Le coup de force russe inquiète, à tort ou à raison, les pays voisins de la Russie. Qu’ils fassent partie ou non de l’OTAN, l’heure est venue pour eux de chercher un soutien occidental au cas où Poutine répéterait son scénario criméen, ce qui parait cependant improbable.

La première réponse apportée par l’OTAN à la suite des derniers évènements a été de manifester son soutien aux pays anciennement soviétiques passés dans son giron. Une Organisation qui, il faut bien le dire, est en stand-by depuis le début des années 1990, mises à part quelques opérations, mal préparées pour la plupart, comme en Libye en 2011. Une Organisation qui se doit d’avoir une réponse précise à cette question simple : que faire si Poutine poursuit son avancée en Ukraine ?

Au cœur de l’OTAN, il y a bien évidemment les Etats-Unis. Les Américains n’ont jamais vraiment pris la menace Poutine très au sérieux. La surprise provoquée par le coup de force en Crimée, alors qu’on pensait que de tels conflits ne pouvaient plus prendre place en Europe, a entraîné une sur-réaction verbale assez peu appropriée, car l’idée de relance de la « Guerre Froide » paraît anticipée à ce stade des événements. Aujourd’hui, alors que la majorité de leurs forces sont au Moyen-Orient ou en Asie, l’incertitude demeure : l’armée américaine doit-elle rapatrier de nombreux contingents au cas où cela dégénère en Ukraine ? Au cas où cela se manifeste (encore une fois, cela s’avère très peu probable), les survols des territoires polonais ou baltes par des avions de chasse ne suffiront guère…

Poutine ne sera jamais inquiet (et inquiété) tant que l’OTAN ne se met pas réellement en marche

Comme Poutine l’a vu en 2008 lors de la guerre avec la Géorgie ou après son récent coup de force, la riposte occidentale s’arc-boute autour de quelques sanctions économiques, guère plus.  Autant dire que la menace occidentale actuelle n’effraie guère Poutine, qui n’a que faire, pour le moment, de sanctions touchant quelques-uns de ses proches. Des exercices militaires massifs de l’OTAN, par exemple en Europe de l’est, suffiraient-ils à inquiéter Poutine ? Difficile à dire pour l’instant. Mais le clin d’œil serait manifeste, puisque l’OTAN userait des mêmes méthodes que Moscou, à savoir menacer l’ennemi à travers quelques exercices militaires.

Ainsi, une préoccupation renforcée de l’OTAN pour le cas russe ne ferait que l’éloigner de son objectif fixé depuis la chute de l’URSS : guerre contre le terrorisme et les menaces cybernétiques, en tout point de la planète. Il n’en reste pas moins que la situation aurait pu être différente si des membres de l’OTAN avaient accepté la proposition de George W. Bush, en 2007, d’intégrer l’Ukraine et la Géorgie. Proposition éminemment sujette à caution, et qui aurait immédiatement exacerbé les tensions avec Moscou. Tensions aujourd’hui réapparues, sans que l’OTAN n’ait encore défini de réel scénario d’action pour contrebalancer l’influence russe dans la région. L’Organisation, faute d’avoir intégré l’Ukraine, est aujourd’hui incapable de proposer une alternative crédible au pouvoir de Moscou sur ses voisins.

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