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Pauvreté et inégalités en Amérique latine

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« L’Amérique latine n’est pas le continent le plus pauvre, mais peut-être bien le plus injuste », dit un jour Ricardo Lagos, président du Chili de 2002 à 2006. Ce constat, s’il est véridique, trouve ses racines dans le passé. La colonisation en Amérique latine avait soumis les indigènes, la décolonisation les a laissés dans la pauvreté. Depuis, malgré des volontés de réformes, l’Amérique latine est bien le continent où les inégalités sont les plus criantes : le Mexicain Carlos Slim n’est-il pas en 2010 l’homme le plus riche du monde ?

La première manifestation des inégalités en Amérique du Sud réside dans les masses pauvres qui, bien souvent, vivent dans des bidonvilles. En effet, la pauvreté est le lot quotidien d’une bonne partie de la population, notamment dans les pays andins tels que le Pérou ou la Bolivie. Parfois, les inégalités apparaissent au sein même d’un pays, comme au Brésil, où le triangle constitué par Sao Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte forme ce qu’on peut appeller le Belinde, à savoir une Belgique au milieu de l’Inde. En outre, plusieurs millions de personnes n’ont pas de quoi subvenir à leur besoin, et souffrent de sous-nutrition (parmi eux, dix millions d’enfants), ce que la crise actuelle a bien évidemment accentué. Malgré des efforts certains ces dernières années, 40% de la population d’Amérique latine n’a pas terminé ses études primaires, d’où une éducation déficiente qui empêche toute ascension sociale. Bien souvent, les services sanitaires sont insuffisants, alors même qu’une part importante de la population vit dans une extrême misère. Ainsi, la mortalité infantile s’établit à 52‰ en Bolivie par exemple. Et alors que les 20% de la population les plus pauvres du Paraguay se partagent à peine plus de 2% des richesses, les 10% les plus riches en disposent de 46%. Tout ceci traduit en outre l’échec du fameux Consensus de Washington, développé par John Williamson, imposé à l’Amérique latine à partir de la fin des années 1980.

En outre, les clivages ethniques sont importants, et les indigènes souvent relégués à des tâches peu qualifiées et peu rémunératrices, d’où une exclusion sociale qui se voit dans le paysage urbain et rural. Mais ce marché du travail si précaire favorise également les activités illicites ainsi que le travail informel. L’insécurité, notamment en Colombie ou au Venezuela, ne participe guère à l’amélioration du climat social et des échanges commerciaux. De plus, l’Amérique latine se doit de trouver un modèle qui mette sur un pied d’égalité hommes et femmes, qui refuse le travail des enfants, et qui ne détériore pas l’environnement, tout en assurant le développement, non pas d’une élite, mais de l’ensemble des populations : un défi à la mesure des immenses ressources dont dispose l’Amérique latine.

Au final, si les inégalités sont si importantes en Amérique latine, n’est-ce pas là le fait d’une politique redistributrive quasiment absente et qui profite aux quelques héritiers de la colonisation qui perpétuent ainsi un système colonial censé avoir disparu ?

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