Les défis de l’explosion urbaine au Brésil
Depuis les années 1970, le développement économique du Brésil s’accompagne d’une urbanisation rapide. Ainsi, 80% des brésiliens sont urbains, et 25% vivent dans une métropole. La gestion de ces villes pose au pays un immense défii. La question urbaine s’articule principalement autour des problèmes d’organisation des territoires de la ville : gestion des transports et des infrastructures, résorption de l’habitat précaire, légalisation, équipements sociaux, etc. Mais l’expansion des villes pose également la question de la déforestation.
Des villes incluantes
Le boom démographique des années 60-70 a nourri un puissant mouvement de migrations internes de populations attirées par le décollage économique en zone urbaine. Sao Paulo est ainsi passée de 3 millions d’habitants en 1950 à 10 millions en 1980 … et même 20 millions aujourd’hui ! Malgré la chute de la croissance de la population, le maintien de l’exode rural explique la densification et l’extension toujours plus poussée des villes, qui se double d’une « verticalisation » liée à l’émergence d’une majorité de classes moyennes.
Des villes non durables
La diversité des espaces urbains ne cesse de s’accentuer au brésil. Les prix de l’immobilier, notamment dans les aires centrales, explosent du fait de la demande et de la hausse des revenus. Les pauvres se retrouvent repoussés vers des périphéries de plus en plus lointaines, ce d’autant plus facilement qu’ils occupent souvent des logements illégaux. Pourtant, ce n’est pas l’espace qui fait défaut, mais plutôt la législation, la planification, et l’information lorsqu’il s’agit de rénover l’espace urbain.
Or, l’étalement des banlieues engendre des problèmes de transports et de pollution. En effet, les villes brésiliennes n’ont que tardivement développé leurs transports en commun. Ceci entraine une saturation des réseaux routiers, un allongement des temps de transport et une pollution atmosphérique importante. En outre, l’étalement des banlieues augmente le coût des services publics, car l’approvisionnement en eau et en énergie est plus compliqué, la qualité de l’eau difficile à assurer, une grande partie des ordures n’est pas collectée et les égouts à ciel ouvert propagent les maladies.
Comment l’expliquer ? Il faut dire que durant trente ans, les investissements publics se sont concentrés dans les aires centrales, laissant les immenses périphéries au secteur informel et dans la précarité. Des millions de logements sont donc construits sur des terrains impropres à la construction, souvent exposés aux coulées de boue et aux crues, et sont occupés illégalement, d’où de multiples litiges. Ainsi, plus de la moitié des habitants des plus grandes villes du pays vit dans un logement illégal et peut être expulsée. En outre, la persistance des favelas entretient les phénomènes de criminalité au sein des grandes villes, malgré les efforts des autorités pour les « pacifier ».
En outre, l’urbanisation galopante des villes du centre du pays accentue le phénomène de déforestation, déjà très important du fait de l’augmentation continue des surfaces agricoles dédiées à l’agriculture intensive.
Pourtant, des initiatives existent
Malgré tout, certains quartiers tentent de s’auto-gérer et s’organisent, à l’aide de financements publics et privés, pour remédier aux risques naturels et intégrer les populations défavorisées à la cité. Mais le processus de légalisation des logements est complexe en raison de l’imbroglio financier et de l’imprécision du cadastre, et malgré la hausse des investissements publics depuis les années 90 dans les services publics et la mise en place de procédures d’urbanisation des favelas, l’habitat informel demeure largement répandu.
La mobilisation sans précédent d’une partie des brésiliens contre l’organisation du mondial de football de 2014 et les JO 2016 est significative. Certains estiment bien trop dispendieux alors même que la population réclame de meilleurs services publics notamment en ce qui concerne les transports, et ce dans un contexte de ralentissement économique et de scandales de corruption.
Des solutions ingénieuses apparaissent néanmoins, comme une gestion des transports exemplaire à Curitiba, la création d’un budget participatif à Port Alegre, ou encore la mise en place de travaux collectifs autogérés pour la réhabilitation des favelas de Rio et Recife.
En outre, la ville progresse peu à peu avec l’implantation de services de santé et d’éducation. Des universités privées apparaissent, ainsi que des équipements culturels dans les quartiers populaires, même si de nombreux progrès restent à accomplir.