Sixième Sommet des Amériques : rien de nouveau
Ce sommet, tenu cette année en Colombie, ne marquera guère les esprits, à part le scandale provoqué par des membres de la sécurité du Président Obama (pris la main dans le sac avec des prostituées). Car tous les participants ont bien d’autres sujets en tête.
Deux sujets majeurs ont été évoqués durant les pourparlers. Le cas cubain, puisque l’île veut être invitée au prochain Sommet, ce que refuse le bloc américano-canadien, preuve une fois de plus que la politique d’Obama, certes plus mesurée que celle de son prédécesseur, vis-à-vis de l’île, reste très fortement influencée par la crise ayant eu lieu il y a tout juste un demi-siècle. Cuba n’a jamais été invitée depuis le premier Sommet, en 1994.
Le deuxième concernait les problèmes liés au trafic de drogue régnant sur une bonne partie du continent américain. La guerre contre les narcotrafiquants n’a jamais été aussi importante et coûteuse, mais son principal résultat a été de les faire migrer vers des pays où l’application de la loi est plus friable, c’est-à-dire depuis la frontière colombo-vénézuélienne vers l’Amérique Centrale et plus principalement le Mexique
Un seul continent américain ? Il n’y a plus que les cartographes pour y croire !
Voilà qui a de quoi empoisonner les relations entre les Etats-Unis et les pays latino-américains, symbolisant de plus en plus l’absence totale de réelles relations fructueuses entre les deux bords. Il est assez compréhensible que la position du Président équatorien Correa et du bolivien Morales soit assez tranchée vis-à-vis de la « dictature » américaine. Mais le soutien apporté par l’Argentine, et de manière encore plus surprenante par la très pro-américaine Colombie et le Brésil à l’invitation de Cuba marque tout le défi qui sera proposé à Obama, si jamais il est réélu en novembre prochain : éviter que les Etats-Unis ne se mettent à dos un Mercosur de plus en plus puissant et uni (au moins économiquement parlant, et peut-être plus).
La sphère latino-américaine a été l’oubliée des politiques diplomatiques sous l’ère Obama, du fait des incertitudes géopolitiques régnant partout sur le globe et la montée en puissance chinoise. Du côté nord-américain, on considère encore trop que le reste du continent n’est qu’une chasse gardée docile et pas encore concurrente. Pourtant, au moins de l’autre côté de l’isthme de Panama, on est très clairement en train de penser le contraire. A moins que l’unité de façade entrevue depuis une dizaine d’années entre les forces de gauche du continent ne se fissure trop facilement…