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Colombie : la paix introuvable ?

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Le Président Santos en compagnie des forces militaires colombiennes
Le Président Santos en compagnie des forces militaires colombiennes

Le 22 mai 2015, la principale guérilla colombienne, les FARC ont annoncé la fin de la trêve unilatérale et indéfinie décrétée en décembre 2014. A la source de cette décision, une opération des forces armées colombiennes  à Cauca dans le sud du pays causant la mort de 26 guérilleros, faisant elle-même suite à la mort de 11 soldats colombiens dans une embuscade au mois d’avril.  La trêve avait été perçue comme une avancé majeure pour le processus de paix engagé par le président Santos, qui a pour objectif d’en faire une des réussites de son second mandat.  Si l’enjeu était pour les FARC de faire montre de leur bonne volonté, elle entre en contradiction avec le principe même de guérilla, en la rendant vulnérable en cas de maintien de l’offensive du pouvoir colombien. Les autorités colombiennes quant à elles n’avaient pas explicitement déclaré une trêve, du fait de leur volonté de maintenir une pression militaire sur la guérilla et d’éviter un scénario similaire à celui de la mise en place d’une zone démilitarisée (1999 – 2002) ayant permis à la guérilla de se renforcer. Cette décision avait néanmoins été accueillie de façon positive et les opérations militaires avaient considérablement diminué. L’annonce faite par la guérilla fait ainsi craindre une nouvelle escalade des violences.

Que faire des FARC aujourd’hui ?

L’enjeu pour la guérilla, qui compte aujourd’hui 8000 guérilleros et qui continue de recruter dans les régions rurales, est de définir son statut en cas de réussite des négociations de la Havane. Alors que les dirigeants refusent d’être inculpés pour crimes de guerre et violations des droits de l’homme et voient le mouvement se muer en parti politique, l’opposition et l’opinion publique juge qu’une telle transition et donc l’impunité qu’elle engendrerait, ne seraient pas à même d’apaiser la société colombienne meurtrie depuis les années 1960 ce conflit qui a fait plus de 250 000 morts. Cela serait d’autant moins acceptable que les militaires impliqués dans la lutte contre les FARC doivent eux faire face aux crimes commis dans l’exercice de leur fonction. D’autres proposent, dans la logique qui a été celle des anciennes dictatures du continent, un accord global incluant les guérilleros, les militaires, les politiques complices et les bailleurs de fonds. En effet, s’il est de notoriété publique que tant les autorités publiques que les FARC ont commis des crimes, la participation du secteur privé est aussi en cause et nombre de chefs d’entreprises craignent la mise en place d’une commission de la vérité mettant en lumière les financements qu’ils ont attribués aux forces paramilitaires. Aussi la transition vers un parti politique d’une organisation considérée par de nombreux pays comme terroriste (Etats-Unis, Union européenne), ne sera pas sans poser problème et la démobilisation des forces constituera un enjeu central. Enfin, la question de la justice transitionnelle se pose. Quand bien même un accord serait trouvé quant au sort réservé aux personnes impliquées dans ce conflit, une véritable réconciliation nationale sera nécessaire afin de garantir aux victimes leurs droits et d’assurer une paix durable.

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