Colombie : Vers un accord de paix avec les FARC ?
« La fin d’une guerre de 50 ans ». C’est en ces termes que s’est exprimé le Président colombien Juan Manuel Santos en septembre dernier pour qualifier les prémices d’un accord de paix conclu avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), au terme d’un conflit interne de plus de 65 ans qui a fait plus de 220 000 morts.
L’opportunité de résolution d’un conflit historique
La naissance des Forces armées révolutionnaires remonte au milieu du XXème siècle, à l’issue d’une période trouble qui a marqué de son sceau le système politique et social colombien : la Violencia. Caractérisée par une opposition entre libéraux et marxistes, elle se soldera par la mise en place d’une dictature en 1953. Des milices vont alors se créer afin de combattre ce nouveau régime autoritaire, dont les deux principales sont les FARC, d’inspiration bolivarienne en référence à Simon Bolivar figure de la libération de l’Amérique latine face aux colons espagnols, et l’Armée de libération nationale (l’ENL). Les FARC se caractérisent par l’origine de leurs membres, la plupart du temps paysans, qui s’érigent en défenseurs des droits de cette partie de la population et par leur mode de financement controversé : prise d’otages, taxe sur la cocaïne etc.
Après plus d’un demi-siècle de lutte armée, l’arrivée de Juan Manuel Santos au pouvoir en 2010 marquera une nouvelle étape vers le règlement du conflit. En affaiblissant les FARC à travers des offensives et des arrestations, le nouveau Président a crée les conditions nécessaires à la conclusion d’un accord de paix. Cependant, cette résolution en bonne voie est le fruit, non pas d’une volonté claire des FARC de déposer les armes, mais des difficultés que subissent le mouvement, ce qui laisse planer un doute sur la confiance mutuelle que peuvent s’autoriser les deux parties.
L’intervention souhaitée de l’ONU comme garant d’un accord de paix en Colombie
En 2012, des négociations de paix ont été lancées sous l’égide du Président cubain Raul Castro. Au terme de 3 ans de rencontres, un accord de paix est prévu pour le 23 mars prochain, avec cependant quelques points d’échoppe, tels que la question de la justice pour les crimes commis par les membres de l’organisation et des militaires colombiens, et de leur réparation. En effet, le gouvernement colombien, s’il devait traduire en justice les membres des FARC, doit aussi traquer les crimes commis par ses propres autorités.
Afin de donner un cadre juridique cohérent au processus engagé, et faire preuve d’une volonté commune de mettre fin au conflit, les deux parties ont fait appel à l’ONU le 19 janvier dernier pour accompagner le processus. L’objectif ? La création d’une mission politique de 12 mois qui supervisera, à travers l’envoi d’observateurs internationaux (et non de casques bleus) le désarmement de la guérilla, les conditions du processus de paix, ainsi que la surveillance d’un cessez-le-feu. L’ONU, qui dispose aujourd’hui de 38 missions de ce type dans le monde, se satisfait de cette demande qui, à l’heure où de nombreuses questions se posent sur son mode de fonctionnement et son efficacité, fait ainsi preuve de sa capacité à répondre à sa mission originelle : promouvoir la paix et assurer le règlement d’un conflit interne parmi les plus anciens et les plus meurtriers depuis sa création en 1945.