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Quelle politique étrangère pour Donald Trump ?

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A la suite du Mini-Super Tuesday, avec 446 délégués gagnés, Donald Trump est actuellement en tête de la primaire républicaine. Il semble pour le moment être bien parti pour représenter le Grand Old Party (GOP) lors de l’élection présidentielle du 8 novembre prochain. A maintes reprises, le magnat de l’immobilier s’est illustré par ses déclarations chocs, ou encore par ses propositions changeantes sur des problématiques chères à l’électorat américain. Malgré cette personnalité particulière, son discours continue à convaincre des électeurs. Afin de mieux comprendre ce phénomène, Les Yeux du Monde se sont penchés sur la ligne défendue par D. Trump au sujet de la politique étrangère américaine.

Donald Trump est toujours en tête de la primaire républicaine. Cela inquiète de plus en plus l'establishment du Great Old Party. (c) GettyImages
Donald Trump est toujours en tête de la primaire républicaine. Cela inquiète de plus en plus l’establishment du Grand Old Party. (c) GettyImages

Dans un livre publié en 2011, Time to Get Tough, D. Trump listait sept principes  structurant sa vision de la politique étrangère : (1) Prioriser les intérêts américains ; (2) Maximiser la puissance de tir ; (3) Seulement s’engager en guerre pour gagner ; (4) Rester fidèles à ses amis et soupçonneux envers ses ennemis ; (5) Garder une avance technologique redoutable ; (6) Se préparer aux menaces avant qu’elles ne se matérialisent ; (7) Respecter et soutenir les vétérans et les soldats.

En lisant ces points, il est clair que l’armée est à ses yeux une composante essentielle de la force du pays. Il a déjà annoncé qu’il souhaitait augmenter le budget militaire. L’armée serait même l’unique moyen de combattre l’État Islamique, contre lequel il veut intensifier les frappes aériennes. Il a notamment salué l’opération militaire menée par la Russie de Vladimir Poutine, qu’il admire d’ailleurs beaucoup.

Pour ce qui est des relations que les États-Unis entretiennent avec certains pays, il affirme qu’il faut tout faire pour que des pays comme la Corée du Nord ou encore l’Iran « respectent » l’autorité américaine. Évidemment, il n’approuve pas l’accord sur le nucléaire passé entre les États-Unis et l’Iran. Quant à Cuba, alors qu’il avait auparavant affirmé être en faveur du maintien de l’embargo, il est désormais pour une politique de rapprochement. Selon lui cela pourrait représenter une manne économique pour les États-Unis.

Ses idées séduisent car elles vont à contre-courant de l’idée d’une Amérique en déclin. Il clame sans discontinuer que les États-Unis doivent affirmer leur puissance, et donc leur leadership mondial, comme le dit son slogan de campagne « Make America great again ». C’est aussi pour cette raison que ses propositions sur le sujet de l’immigration ont autant de succès. Obliger le Mexique à payer la construction d’un mur à la frontière américano-mexicaine serait perçu comme une démonstration de la force, voire de la ténacité des États-Unis. De plus, D. Trump est en rupture avec la politique étrangère de Barack Obama, caractérisée par un important pragmatisme et un accent mis sur la coopération, plutôt que sur l’unilatéralisme.

Étant donné que l’engouement pour celui qui était perçu comme un simple challenger ne semble pas s’essouffler – contrairement à ce qui est généralement constaté lors des primaires américaines – l’establishment du Parti républicain fait son possible pour discréditer D. Trump.    

Dans une pétition publiée le 2 mars, environ 70 personnalités du GOP, considérées comme des spécialistes des relations internationales, dénoncent la « vision du monde » défendue par D. Trump. Ils ont soit travaillé pour les administrations George Bush et/ou George W. Bush, soit au sein d’organisations internationales. Parmi les signataires on compte notamment Robert Zoellick (Président de la Banque mondiale 2007-2012), Michael Chertoff (Secrétaire à la sécurité intérieure des Etats-Unis 2005-2009) ou encore Robert Blackwill (spécialiste sur l’Irak au sein du Conseil de sécurité nationale 2003-2004). Malgré cette longue liste, il faut noter l’absence de grandes figures du Parti républicain, notamment Henry Kissinger, ou encore Condoleezza Rice.

La ligne présentée par ces dignitaires est claire : la perception de D. Trump du pouvoir des États-Unis dans le monde est « incohérente ». Il n’est pas en accord avec la réalité. De plus, ils lui reprochent son incapacité à définir un programme précis, qui ne sera pas sujet à de brusques changements. Dans ce sens, ils font remarquer qu’il hésite constamment entre « isolationnisme et aventurisme militaire ».

Ce n’est certainement pas cette attaque venant de son propre camp qui va déstabiliser D. Trump. Cela ne va pas non plus refroidir les électeurs qui continuent à soutenir le magnat de l’immobilier. A ce sujet, les signataires ont signalé que « les conflits létaux ne peuvent pas être résolus comme un accord immobilier ». En somme, le programme de D. Trump n’est pas applicable à leurs yeux, et pourrait discréditer les États-Unis.

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