Quelle politique étrangère pour Hillary Clinton ?
Après un démarrage en demi-teinte, Hillary Clinton a désormais consolidé une solide avance sur son rival Bernie Sanders. A l’issue du deuxième « Super Tuesday » des primaires présidentielles, elle a remporté les cinq grands États mis en jeux (Floride, Caroline du Nord, Illinois, Ohio, Missouri). A présent, elle dispose de 1561 délégués, contre 800 pour B. Sanders. Étant donné que plus de la moitié des délégués sont à présent désignés, rien ne semble pouvoir empêcher l’ancienne Secrétaire d’État de Barack Obama d’être investie par le Parti démocrate en juillet prochain. Par conséquent, et comme cela a déjà été fait pour Donald Trump, Les Yeux du Monde vous propose une présentation, ainsi qu’une analyse, du programme proposée par H. Clinton pour la politique étrangère des États-Unis.
H. Clinton se différencie de D. Trump, et des autres candidats républicains en général, en mettant l’accent sur le « smart power » des États-Unis. Le « smart power » correspond selon elle à la mise en pratique de « la bonne combinaison de moyens – diplomatiques, économiques, militaires, politiques et culturels – pour chaque situation » demandant une prise de position états-unienne. En somme, il s’agit d’associer le « hard power » (moyens coercitifs) avec le « soft power » (moyens non-coercitifs) du pays, afin de définir la ligne stratégique des États-Unis, et d’assumer sa position de leader sur la scène internationale.
Dans cette ligne, elle a critiqué la réponse pas assez rapide à son goût du Président Obama face à l’État islamique. Cependant, elle met l’accent sur le multilatéralisme pour combattre l’État islamique. Les États-Unis ne doivent pas se lancer dans des opérations militaires sans consulter leurs alliés. Ainsi, à la suite des attentats de Paris et de Saint-Denis en novembre 2015, elle a présenté un plan précis, structuré autour de trois axes : (1) vaincre l’EI en Syrie, Irak et au Moyen-Orient en général ; (2) démanteler les groupes terroristes qui facilitent le financement et le recrutement de nouveaux membres à travers le monde ; (3) renforcer les défenses des États-Unis et de leurs alliés contre des menaces internes et externes.
Un autre point de divergence est important par rapport aux figures du Parti républicain est certainement son approche vis-à-vis des problématiques écologiques. Elle est persuadée qu’il s’agit d’un des challenges auxquels les États-Unis se doivent de répondre aujourd’hui, et dans les années à venir. Faire des États-Unis le « leader mondial des énergies renouvelables » serait un moyen de renforcer le « soft power » du pays, et à terme, son « smart power ».
Concernant certaines problématiques géopolitiques, H. Clinton a déjà appliqué une partie de ses idées alors qu’elle était Secrétaire d’État de 2009 à 2013. Il est donc légitime de se demander si elle marchera totalement dans les pas de B. Obama, ou si elle changera quelques aspects de sa politique étrangère.
Sur de nombreux points, H. Clinton a signalé son accord avec l’actuel Président. Elle est une fervente supportrice de la levée de l’embargo économique sur Cuba ; elle a défendu l’accord passé avec l’Iran, affirmant que c’est un pas dans la bonne direction ; et elle va poursuivre le « pivot vers l’Asie », dont elle a été une des architectes dans l’Administration Obama. Malgré l’importance donnée aux relations avec les pays asiatiques, elle n’a pas exprimé un fort soutien pour le traité trans-pacifique. Elle a reconnu qu’il « ne serait pas parfait », mais qu’il devrait apporter un petit coup de pouce aux entreprises américaines.
Une autre facette de la politique étrangère de B. Obama fortement influencée par H. Clinton est la volonté de « remettre à zéro » les relations avec la Russie. Dans un premier temps, cette initiative a été un succès. Cependant, le problème ukrainien a de nouveau envenimé les relations entre les deux pays. Par conséquent, la candidate a martelé plusieurs fois la nécessité pour les États-Unis d’assumer un rôle de leader dans la crise syrienne, par rapport au régime de Vladimir Poutine. Elle est loin d’admirer le Président russe, comme c’est le cas de D. Trump. La méfiance semble être de rigueur, même si elle souligne la possibilité de trouver des terrains de coopération dans le futur.
En somme, l’approche défendue par H. Clinton est évidemment plutôt proche de celle de l’actuel Président B. Obama. Si jamais elle accède à la Maison Blanche, on peut imaginer qu’elle adoptera une ligne similaire à la sienne, tout en essayant d’y apposer sa marque.