La juteuse coopération américano-saoudienne
Alors que l’on commémore le quinzième anniversaire des attaques du 11 septembre, organisées par un clan saoudien très proche de la famille royale, un rapport américain dévoile que l’administration Obama, durant ses huit années de mandat, a négocié pas moins de 115 milliards de dollars de ventes d’armes avec l’Arabie Saoudite.
La somme atteinte, 115 milliards de dollars, est un nouveau record et montre les liens indéfectibles entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite. Alors que l’on disait que l’Amérique était distante de sa partenaire, notamment suite au boom pétrolier américain et au rapprochement avec l’Iran, il n’en est rien. Ainsi, la majeure partie des ventes s’est effectuée alors même que les négociations battaient leur plein quant à la fin de l’embargo sur l’Iran. L’Amérique a donc joué, une fois de plus, sur tous les tableaux : elle est été actrice, certes secondaire, du retour de l’Iran sur la scène internationale, tout en rassurant l’Arabie Saoudite, grand ennemi de l’Iran, de son indéfectible « amitié ».
Dans plusieurs articles, nous avons montré le changement récent dans la politique étrangère saoudienne. L’intervention armée au Yémen, pour combattre les rebelles houthis (chiites), en est une preuve manifeste. C’est ainsi que certains contrats passés avec Washington ont permis aux Saoudiens de remplacer voire de moderniser les équipements en vue de cette intervention. La formation de l’armée saoudienne a également fait l’objet d’un accord de plusieurs milliards de dollars avec les Etats-Unis. Le rapport ne détaille pas les éventuelles contreparties voulues par les Etats-Unis, ni ne fait écho des rumeurs de crimes de guerre perpétrés au Yémen par les forces liées, ou armées, par les Saoudiens. L’Arabie Saoudite est ainsi accusée par les Nations Unies de la mort de plusieurs milliers de civils yéménites au cours de frappes ciblées. Cette accusation de crimes de guerre fait actuellement l’objet de questions au Congrès américain ainsi qu’au Parlement britannique, autre pourvoyeur d’armes en direction de Riyad. Bien évidemment, ces accusations ont beaucoup moins d’écho que celles portées à Bachar al-Assad pour les mêmes crimes en Syrie, les Etats-Unis restant bien silencieux quant aux potentiels dérapages de leur allié saoudien.
Quinze ans après, donner le droit aux familles de poursuivre les Saoudiens pour le 11 septembre ? Peu probable…
On le voit, par-delà les excès saoudiens, l’alliance avec Riyad semble indéfectible quels que soient les gouvernements à Washington. Il s’agit de l’appui historique des Américains dans la région, en tant que leader du sunnisme et grand pourvoyeur énergétique. Les Etats-Unis demeurent méfiants vis-à-vis de l’Iran malgré sa réintégration progressive dans le concert des nations. L’appui sur Riyad devrait perdurer si Clinton venait à être élue, et probablement être remis en cause en cas d’élection de D. Trump. Néanmoins, quinze ans après les attaques de 2001, le Congrès américain pourrait donner le droit à des familles de poursuivre l’Arabie Saoudite pour son implication dans ces attaques. Un examen des réels liens tissés avec Riyad est-elle à venir du côté des Etats-Unis ? Si l’on regarde le juteux marché militaire entre ces deux pays, cela parait improbable…