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L’UNESCO, victime de la géopolitique

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Hébron, ville en Cisjordanie occupée

Jeudi 12 octobre, les États-Unis et Israël, ont annoncé leur retrait de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO). Ils jugent en effet l’agence « anti-israélienne ». Cela fait suite à la décision de l’UNESCO, en juillet dernier, de classer au patrimoine mondial la vieille ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée.

L’UNESCO, une agence multilatérale

L’UNESCO est créée en 1945 sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion des États-Unis. L’agence multilatérale, dont le siège est situé à Paris, compte désormais 195 membres dont 58 siègent au conseil exécutif. L’objectif de l’UNESCO est de promouvoir la démocratie, l’éducation et les droits de l’Homme. Cela passe notamment par le classement de sites au patrimoine mondial afin de les protéger. On dénombre aujourd’hui 1073 sites classés dans 167 pays à travers le monde. Cependant, ce classement comporte parfois un message politique, favorisant les critiques envers l’agence. Ainsi, en 2011, la Palestine devient le 195e membre de cette antenne de l’ONU tandis que, en 2015, la candidature du Kosovo est rejetée à trois voix près.

Une histoire mouvementée avec les États-Unis

Déjà en 1984, Ronald Reagan retire les États-Unis de l’UNESCO afin de dénoncer la position pro-communiste de l’agence en pleine Guerre froide. Le pays réintègre cependant l’UNESCO en 2002 sous George W. Bush, conscient du rôle qu’il peut jouer au sein de cette agence multilatérale. Néanmoins, l’entrée de la Palestine en 2011 force Barack Obama à arrêter le financement américain de l’UNESCO. En effet, deux lois, votées en 1990 et en 1994, interdisent les États-Unis de financer toute agence de l’ONU dont la Palestine serait également membre. Les États-Unis soutiennent en effet Israël dans le conflit israélo-palestinien. C’est un coup dur pour l’UNESCO car les États-Unis participaient jusque là à hauteur de 70 millions de dollars par an (soit 22% du budget de l’institution). Par conséquence, les États-Unis perdent leur droit de vote à l’Assemblée Générale en 2013 mais gardent toutefois leur voix au Conseil exécutif.  Leurs arriérés s’élèvent désormais à 500 millions de dollars. Le classement de la vieille ville d’Hébron en Cisjordanie occupée au patrimoine mondial, jugé anti-israélien, précipite le retrait américain. Seul Israël soutient cette décision et a annoncé à son tour son retrait. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères,  Emmanuel Nashbon, n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier l’agence d’ « Unescroc ». Leur retrait sera effectif dès le 31 décembre 2018.

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Soutenir le multilatéralisme

L’UNESCO se retrouve ainsi prise au piège des conflits et des tensions entre États à l’heure où le multilatéralisme apparaît comme essentiel. Selon le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, nous sommes « dans une période où le soutien de la communauté internationale à cette organisation est primordial ». Il affirme également que « l’UNESCO a plus que jamais besoin d’un projet dans lequel tous les Etats membres puissent se retrouver ». La France, dont la candidate Audrey Azoulay vient d’être élue à la tête de l’agence, regrette ce retrait et se pose donc comme fervent défenseur du multilatéralisme. La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, regrette cette « perte pour le multilatéralisme ». Elle a déclaré que « l’universalité est essentielle à la mission de l’UNESCO pour construire la paix et la sécurité internationales face à la haine et la violence, par la défense des droits de l’Homme et de la dignité humaine ». Les États-Unis continueront néanmoins de partager leur expertise.

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