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2012 ou quand l’Asie se retrouve confrontée aux limites de son modèle économique

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Depuis quelques années, l’Asie connait de profonds bouleversements socio-économiques et industriels qui la contraignent chaque jour davantage à opter pour un nouveau modèle économique. 

Au cours des quatre dernières années, le continent a connu partout des vagues d’augmentations salariales: en 2011, +22% pour les salaires minimums en Chine, +12,6% pour l’ensemble des salaires en Inde, salaire minimum porté à 300 bahts (7,38€) par jour en Thaïlande par le premier ministre Yingluck Shinawatra, etc. Certes ces hausses ne sont qu’une goutte d’eau après 30 ans de déconsidération de la main d’oeuvre et engendrent un accroissement des inégalités entre techniciens qualifiés et ouvriers – le coefficient de Gini est passé de 0,39 à 0,46 au sein de l’Asie émergente. Mais du fait de leur répétition et de leur généralisation à l’ensemble des pays, elles traduisent un mouvement de fond.

Ces évolutions salariales ont deux conséquences majeures: 1) elles nécessitent de faire évoluer la production destinée au marché intérieur pour mieux coller au besoin de cette «classe moyenne asiatique» dont les experts annoncent la constitution depuis dix bonnes années; 2) elles remettent en cause la spécialisation industrielle de plusieurs pays, fondée sur l’exportation de biens d’équipement ou manufacturés à faible valeur ajoutée. Rappelons que selon les données de Natixis, la durée de de vie des entreprises chinoises privées n’est que de 2,9 années – contre 40 aux Etats-Unis – et 32% d’entre elles sont en pertes. Elles ne supporteront guère une nouvelle hausse des coûts de production.

Autrement dit, le modèle économique et productif de la Chine, comme de l’Inde, du Pakistan et des autres pays n’est plus viable et doit avoir davantage recours à l’innovation radicale, la formation en capital humain et les industries de niche. 

Mais contrairement à ce que dit l’adage, nécessité ne fait pas loi. L’évolution des structures socio-économiques, industriels et commerciales de l’Asie de l’Est sera extrêmement complexe. En Chine, elle tendra inéluctablement les relations commerciales avec les Etats-Unis et l’Europe. En Inde, elle remettra en cause les fondements culturels et religieux de la société de castes. Au Pakistan, elle accentuera les tensions géo-ethniques du pays et forcera l’ISI à se muer en agence d’intelligence militaire et économique. On le voit, les défis à relever sont nombreux et ardus…

La question de savoir quel modèle économique ces pays choisiront et comment reste ouverte, ne serait-ce qu’en raison de l’importance majeure des identités nationales. Ce qui est certain, c’est que ce choix devra être relativement rapide. La situation de précarité financière dans laquelle se trouvent nombre d’entreprises de la région ne peut plus être compensée par les systèmes bancaires nationaux, trop peu tournés vers l’investissement productif.

 

 

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