Les tensions s’accroissent entre Pékin et le Vatican : non-évènement ou indice sur l’état du régime?
Cette semaine, Pékin, par l’entremise de l’association patriotique catholique chinoise, a ordonné un évêque sans l’aval du Vatican. L’église de Rome a immédiatement réagi en excommuniant le nouveau responsable de l’évêché de Harbin, au nord du pays.
« Le Vatican ? Combien de divisions ? » disait ironiquement Staline quand on lui décrivait l’opposition de l’église catholique dans les nouvelles républiques populaires d’Europe de l’Est. S’il avait pu constater le rôle colossal qu’a joué le Vatican dans le processus d’émancipation de la Pologne, il aurait probablement considéré la question avec plus de sérieux.
On estime à plus de 15 millions le nombre de catholiques en Chine Populaire. Si les relations entre les catholiques et les autorités maoïstes étaient, à l’évidence, difficiles, la Chine de Deng Xiaoping les a associés à la modernisation du pays. Le catholicisme (tout comme le protestantisme et l’Islam) a alors été intégré.
Cependant, les tensions entre l’église catholique et le gouvernement chinois vont crescendo depuis 2006. Jusqu’à cette date, les nominations des évêques se faisaient sans heurts, d’un commun accord entre les autorités chinoises et le Vatican. Mais depuis 2006, on compte six incidents du même genre.
Comment interpréter ce changement d’attitude de la part de Pékin ?
La plupart des Etats comptant des catholiques dans leur population se sont posé la question des relations avec le Saint-Siège, et ce pour une bonne raison. De par sa nature même, le catholicisme romain est hiérarchisé et centralisé. La crainte, pour les pays ayant une minorité catholique, c’est sa double allégeance. Entre le pape et leur gouvernement, qui les catholiques choisiront-ils de suivre ? C’est la grande question, le cœur du problème.
Si le gouvernement chinois, depuis 2006, se sent obligé d’augmenter la pression sur les catholiques (à tel point qu’une église catholique « dissidente » clandestine, i.e. strictement et uniquement fidèle à Rome, s’est développée), c’est peut-être qu’il n’est plus très confiant sur sa pérennité.
La Chine n’est pas la Pologne. Les catholiques chinois, à eux seuls, ne représentent pas une menace pour le régime. Cependant ils constituent, de facto, un foyer d’opposition certes modéré (le dernier évêque démis par les autorités chinoise l’a été pour avoir démissionné de l’Association Patriotique pour « se recentrer sur sa mission religieuse »), mais durable.
Mais il faut aussi compter sur les Tibétains, les Ouïghours, les diverses minorités musulmanes… Le gouvernement aurait-il peur de ses minorités ?