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Corée du Sud : Le changement, c’est maintenant ?

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Ce mercredi, Ahn Cheol-soo, 50 ans, a déclaré sa candidature aux élections présidentielles coréennes qui doivent se tenir dans trois mois. Ce doyen d’université, philanthrope, docteur en médecine et ancien richissime propriétaire d’une florissante entreprise de programmation informatique donne clairement le ton : « la vieille classe politique [coréenne] doit être remplacée ».

C’est que M. Ahn est un complet outsider : novice en politique, il n’appartient à aucun parti et n’a jamais exercé la moindre responsabilité publique. Et pourtant, sa popularité est immense. Il s’est fait connaitre en fondant Ahnlab, l’entreprise créatrice de l’anti-virus leader du marché coréen (ce qui, dans le pays le plus informatisé de la planète, veut dire beaucoup), et en distribuant l’essentiel de sa fortune à ses employés lors de sa démission en 2005. Puis, l’année dernière, il a donné à diverses organisations caritatives plus de 130 millions de dollars.

La Corée n’est pas habituée à ce genre de personnage. La scène politique du pays est dominée par deux grands partis : à droite, les conservateurs de Saenuri, avec à leur tête Mme Park Geun-hye, fille du dictateur Park Chung Hee qui a dirigé le pays d’une main de fer vingt ans durant jusqu’à son assassinat en 1979, et à gauche, presque toujours légèrement derrière, les libéraux de Démocratie Unie (connus pour être proches des syndicats). Un système jusque là très figé, proche du modèle japonais.

M. Ahn, malgré toute sa popularité, a-t-il de véritables chances de remporter l’élection présidentielle ? Oui.

Tous les sondages le donnent gagnant contre Park Geun-hye dans une élection à deux candidats. Cependant, il arriverait deuxième si Moon Jae-in, candidat de Démocratie Unie et ancien activiste des droits de l’Homme, se présente aussi.

Pourquoi M. Ahn séduit-il tant ? Outre son évident charisme, il est jeune, c’est un brillant self-made man, et surtout il n’appartient pas au « sérail » politique coréen classique, connu pour son opacité, ses liens très forts avec le monde des affaires sa perméabilité à la corruption.

Au-delà de ces éléments, son programme, somme toute assez flou et axé sur l’équité sociale et le renouvellement des élites dirigeantes coréennes, ne présente aucun élément particulièrement novateur, sauf un : aucune mention n’est faite aux relations avec la Corée du Nord.

C’est un point révélateur : M. Ahn représente une nouvelle génération de Coréens, la génération qui n’a jamais connu la guerre, la génération de la prospérité. Une génération qui souhaite tout simplement passer à autre chose, et construire la Corée du Sud sans penser à son voisin du Nord. Une génération qui désire donc tout naturellement réduire l’influence du vieux triangle conservateur « politique-armée-affaires » qui dirige le pays depuis les années 1970.

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