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Vers une « japonisation » de la dette européenne ?

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En matière de dette, une plus grande indépendance vis-à-vis des investisseurs étrangers est relativement bien perçue  et on ne cesse de citer le Japon comme modèle d’ « autodétention ». Pourtant des études récentes montrent que cela n’a pas que des avantages à long terme, car se pose alors la question de la capacité d’absorption des investisseurs domestiques. Depuis la crise de la dette européenne, les économistes constatent un phénomène de renationalisation de la dette en Europe… et il est tentant de comparer cette tendance à la situation japonaise. Qu’en est-il réellement ?

Dans les années 1990, une série d’événements a favorisé l’augmentation de la participation des « non-résidents » (i.e. les investisseurs non-européens) dans la détention de dettes européennes : la création de l’euro a permis de rassurer sur l’intégration des pays périphériques et a fourni de grands espoirs de convergence et de discipline, l’adoption de la monnaie unique a fait disparaître le risque de change, l’internationalisation des marchés financiers a mené à de vastes mouvements de diversification des portefeuilles internationaux et les pays émergents ont commencé à accumuler les réserves de change. Depuis la mise en place de l’union monétaire, la part des non-résidents dans la détention de la dette espagnole est passée de 15% à 53% (en 2010) et de 19% à 44% (en 2010) en Italie. Dans le même temps, ce ratio est resté stable aux Etats-Unis, en Angleterre et au Japon.

La renationalisation actuelle des dettes publiques européennes (en particulier espagnole, italienne, portugaise, grecque et irlandaise) est liée aux risques de crédit que comportent ces dettes souveraines.

La comparaison avec le Japon n’est donc pas tout à fait pertinente dans le cas européen. 94% de la dette japonaise est entre les mains des Japonais, ce qui rend la dépendance envers les capitaux étrangers quasi nulle. Cependant, le Japon n’a jamais souhaité favoriser l’internationalisation de sa devise, et c’est très loin d’être le cas pour l’UE ! Il est nécessaire de diviser les pays membres en deux groupes : le noyau dur ayant vocation à représenter la devise de réserve, et les pays de la périphérie plus vulnérables. Si le noyau dur ne voit pas, et ne devrait pas voir la part des non-résidents refluer, les autres vont être confrontés à de nouveaux risques. D’une part la vulnérabilité des établissements financiers à une dette croissante, et d’autre part un risque de capacité d’absorption de la dette publique (le « point de saturation » de la dette qui guette le Japon).

Il n’y a donc pas à proprement parler de « japonisation », au sens de nationalisation, de la dette européenne, mais il y aura sans doute de grandes similitudes entre les problématiques de financement de la dette entre le Japon et certains pays périphériques de la zone euro : celles de la capacité d’absorption qui dépendra du taux d’épargne et de la maîtrise des dépenses publiques.

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