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Les ambitions de puissance de la Chine sous Xi Jinping (3/4)

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L’agressivité tous azimuts de la Chine sous Xi Jinping se manifeste dans les domaines militaire, économique et culturel. À ce titre, le soft power chinois se déploie notamment à travers les Instituts Confucius et la conquête spatiale. 

Les Instituts Confucius, instruments de soft power de Pékin.
Les Instituts Confucius

Un soft power doucereux à la conquête des cœurs et des esprits

Depuis l’époque du Grand Timonier, la Chine avait compris l’importance du soft power dans les arènes internationales. Ayant pour modèle l’Union soviétique de Staline, Mao Zedong va fonder Radio Pékin (1) qui diffusera dans toutes les langues et dans le monde entier. Cela représentait un investissement considérable pour un pays pauvre et détruit. Depuis le début du XXIe siècle, la Chine s’appuie sur sa civilisation millénaire pour conquérir les cœurs et les esprits tout en se servant de la culture chinoise comme instrument d’influence. Dans les domaines scientifiques, elle émerge doucement mais sûrement tout en nourrissant une défiance de la part des Occidentaux.

L’outil incontestable du soft power chinois réside dans les Instituts Confucius. Il s’agit d’établissements culturels publics à but non lucratif implantés depuis 2004 dans plusieurs villes du monde. Actuellement on en compte 525 dont 17 en France. Les buts officiels de ces instituts en apparence dépolitisés, sont de dispenser des cours de chinois et de participer à la diffusion de la culture chinoise à travers des activités comme la calligraphie, le kung-fu ou le tai-chi. Ces organismes dépendent du Hanban (2): l’agence chinoise relevant du Ministère chinois de l’Éducation et chargée de superviser ces établissements.

Depuis quelques années, certains de ces établissements ont fait l’objet de controverses en raison d’accusations de propagande chinoise. Plusieurs d’entre eux ont été contraints de fermer leurs portes du fait de pressions exercées par Pékin sur les universités dans lesquelles les instituts se trouvaient. Ce fut le cas par exemple en Suède, en Norvège, en Belgique et aux États-Unis. Sous l’administration Trump, plus de la moitié des 110 instituts du pays ont fermé à la suite d’une décision du Sénat américain d’interdire, au nom de la sécurité nationale, le financement des universités qui hébergeraient de tels centres. Dans le cas belge, le plus récent en date, le directeur de l’Institut Confucius rattaché à l’Université Libre de Bruxelles, Song Xining, a été expulsé du pays en 2019 pour soupçons d’espionnage. Le centre a ensuite été contraint de fermer ses portes en 2021 (3). Dans ces établissements, les étudiants ne sont pas autorisés à débattre de sujets qui fâchent, tels que le Tibet, les Ouïghours ou la répression à Hong-Kong (4). A travers le Vieux Continent, une prise de conscience s’installe et la question de savoir si ces organismes seraient des agences de propagande voire d’espionnage pour Pékin se pose de plus en plus.

La Chine à la conquête des étoiles

Dans le domaine spatial, la Chine de Xi Jinping a pour la première fois devancé les États-Unis en nombre de tirs de fusées en 2021. En novembre 2022, elle a terminé l’assemblage de sa station spatiale Tiangong (palais céleste en français). La Chine a aussi ouvert son secteur spatial aux start-up privées dont iSpace et Galactic Energy. Avec la Station spatiale internationale (ISS) arrivant en fin de vie, la station chinoise en cours d’assemblage pourrait très bien mettre la Chine en position de force. Pékin a annoncé l’ouverture de cette station à la coopération internationale mais à ses conditions. En effet, si l’ISS est une station internationale qui fonctionne sur la base de traités intergouvernementaux, la future station chinoise, elle, sera exclusivement chinoise. Elle pourra ainsi servir à Pékin de leviers diplomatiques pour des dossiers ne relevant pas de l’espace.

(1) BEJA Jean-Philippe, Les limites du soft power de la Chine, consulté en ligne le 11/02/2022, <https://spire.sciencespo.fr/hdl:/2441/eu4vqp9ompqllr09ia5992lk8/resources/2288.pdf >

(2) Instituts Confucius, consulté en ligne le 11/02/2022, <https://www.institutconfucius.fr/fr/qui-sommes-nous/objectifs-et-missions >

(3) DONNET Pierre-Antoine, Chine : vers la fin des Instituts Confucius en Europe ?, consulté en ligne le 27/02/2022 <https://asialyst.com/fr/2021/07/29/chine-vers-fin-instituts-confucius-europe/

(4) Investigations et enquêtes, Quand la Chine veut dominer le monde, visionné le 20/02/2022 <https://www.youtube.com/watch?v=W91Rbj4sjvA>

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Ameerah Ismael

Diplômée d'un master en Relations internationales et Diplomatie et d'une licence en Langues étrangères appliquées (anglais-arabe-hindi) de l'Université Jean Moulin Lyon 3. Intéréssée par les enjeux politiques, militaires et sociétaux au Moyen-Orient mais également à l'Extrême-Orient.

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