La déflation japonaise
Après le miracle économique que le Japon connut suite à la Seconde Guerre mondiale, c’est une crise sans fin qui frappe la puissance nippone depuis 1990, alimentée par la spirale déflationniste.

Cette bulle éclate en 1990, et comme la FED en 1929, la BoJ (Bank of Japan) réagit trop tard. Le mal est fait, et la crise financière ébranle le pays. L’importance des créances douteuses dans le bilan des banques est révélée, ce qui enclenche un double mécanisme fatal pour le pays : le credit crunch et la déflation par la dette (car l’objectif des entreprises est le désendettement et l’assainissement de leur bilan). Les politiques contra cycliques classiques mises en place sont inefficaces et ne font que gonfler le déficit public : la politique budgétaire ne parvient pas à se substituer au secteur privé, tandis que la politique monétaire de taux faible a atteint sa limite, alors que les taux d’intérêt frôlent les 0%. De plus, de nombreux chocs conjoncturels n’arrangent rien : le tremblement de terre de Kode et les attentats dans le métro japonais (1995), ainsi que la crise asiatique (1997) puis américaine (2001). Entretemps, la déflation s’est installée, les agents s’y sont habitué, ce qui l’a rendue plus difficile à éradiquer.
En 2001, le gouvernement, avec Tekanaka, ministre des finances, décide enfin d’une restructuration du système bancaire. Il procède au rachat des créances douteuses, dont la valeur passe de 8,4% du PIB en 2002 à 1,8% en 2006 (politique de « détente quantitative »). Le Japon sort ainsi de la déflation en 2006, mais y replonge en 2009, victime de la récession mondiale. Mais indépendamment de cela, il s’agit également de la crise du modèle de croissance japonais, bâtit sur une politique industrielle active, portée par les grandes entreprises et un Etat fort, dans un pays peu ouvert, très nationaliste. Les reformes structurelles sont incontournables pour accompagner l’ouverture du pays.
Depuis son investiture il y a un an, le premier ministre Shinzo Abe a fait de la fin de la déflation et du retour de la croissance sa cible. Ses reformes sont inédites – dérégulations, libéralisation, intégration des femmes, etc. – et combatives – dépréciation de sa monnaie – mais prendront surement du temps à faire effet, d’autant que les défis sont encore nombreux : dette publique record de 245% du PIB en 2013, vieillissement de la population inquiétant, dépendance aux matières premières, etc. Cette crise a au moins le mérite d’apporter un enseignement capital sur la ligne de conduite à adopter en cas de crise similaire : sauver le système bancaire et éviter à tout prix la déflation.

