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La « nouvelle route de la soie » : qui veut prendre la route ? (2/2)

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Nous avons vu dans un premier article l’intérêt porté à ce projet de nouvelle route de la soie par les différents protagonistes. Toutefois ce sujet est suivi avec attention par les autres grandes puissances, dont l’intérêt pour le « Rimland » ne se dément pas, et attire également d’autres pays susceptibles de bénéficier de ces investissements.

Une rencontre entre Xi Jinping et Noursoultan Nazarbaïev, deux protagonistes de cette "nouvelle route de la soie"
Une rencontre entre Xi Jinping et Noursoultan Nazarbaïev, deux protagonistes de cette « nouvelle route de la soie »

Depuis la fin de la Guerre Froide, les Etats-Unis s’investissent en Asie centrale et dans le Caucase pour plusieurs raisons : participer à l’exploitation des richesses, réduire l’influence de Moscou dans la région et être présent dans les endroits-clés de cet « arc de crise ». Dès 1999, Washington évoquait une « stratégie de la route de la soie ». La question des tracés des gazoducs et oléoducs est fondamentale ici pour comprendre l’intérêt porté par les américains à cette région. Les Etats-Unis surveillent donc l’évolution de ce projet avec attention.

De même, la Russie espère profiter des largesses chinoises en période de froid économique avec l’Occident tout en conservant son influence dans la région. La Chine mène ici une diplomatie prudente : si elle gagne en influence en Asie centrale et dans le Caucase, elle ne cherche pas la domination. La Russie attache encore beaucoup d’importances à ses anciennes républiques soviétiques, et ne veut pas voir apparaitre un concurrent dans son champ. Pour le moment, la crise ukrainienne stabilise le condominium russo-chinois dans la région.

Une route de la soie africaine ?

Certains observateurs notent également que cette route de la soie ne prend pas que la destination de l’Europe. Le port de Nairobi au Kenya en est une ville-étape. En effet, le Moyen-Orient et l’Afrique captent une partie des investissements chinois. Il y a une multiplication des échanges entre les matières premières, les infrastructures et les capitaux qui s’expliquent par les besoins de la croissance chinoise et les excédents du Golfe. Depuis 2006, la Chine représente un quart des IDE en Afrique subsaharienne.

Le Qatar et les autres pays du Golfe jouent ici un rôle clé d’intermédiaire entre l’Asie et l’Afrique. Dubaï est considéré comme la nouvelle Byzance de cette route. L’influence culturelle que l’on peut qualifier de soft power se met en place : Al-Jazeera se déploie en Afrique, la chaîne économique et financière africaine CNBC a été financé à 70% par un consortium qatari. Les investissements des pays du Golfe en Afrique augmentent tout en se diversifiant. Ces liens croissants se traduisent notamment par le renforcement des lignes aériennes entre le Golfe et l’Afrique.

C’est donc près de 3 milliards d’êtres humains qui sont concernés par le passage de cette route (Europe, espace arabo-musulman et Asie orientale). Là où circulent aussi bien les hommes et les marchandises que les idées, l’influence sur cette route au cœur du « Rimland » est un enjeu de puissance sur lequel la Chine compte bien s’affirmer.

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