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19e Congrès du PCC : Le triomphe de Xi Jinping et du « rêve chinois »

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Mercredi 18 octobre s’est ouvert le 19e Congrès du Parti Communiste chinois à Pékin. Dans un cadre de sécurité renforcée à outrance, les pontes du parti unique se sont réunis afin de reconduire leur leader, et de décider des axes directeurs à adopter pour les cinq prochaines années. Ce rassemblement a érigé Xi Jinping au rang de figure centrale et qui a plus que jamais confirmé l’idée d’une Chine au rayonnement global.

Xi Jinping a été reconduit pour un nouveau mandat lors du Congrès et s'est imposé de manière durable dans le PCC.
Xi Jinping a été reconduit pour un nouveau mandat lors du Congrès et s’est imposé de manière durable dans le PCC.

Sa prééminence est désormais écrite. Xi Jinping, président de la République populaire de Chine et Secrétaire général du PCC, a gravi un échelon supplémentaire dans le renforcement de son pouvoir. Son nom et sa « pensée » ont été inscrits dans la Charte du parti lors de ce 19e Congrès, suite au vote unanime de 2300 mains levées par les délégués présents. Aucune abstention, aucune contestation. Xi Jinping devient en ce sens l’égal de Mao Zedong et assoit une légitimité qui ne sera plus remise en cause. Le leader exerce en effet un pouvoir peu partagé depuis 2012 – il dirige personnellement la quasi-totalité des comités de décision notamment dans les domaines militaire et économique – et a brillamment mené une campagne de lutte contre la corruption afin d’accroître sa popularité tout en éliminant ses rivaux potentiels. Reconduit pour cinq ans dans ses fonctions, il a révélé la composition de son nouveau Comité permanent[1], constitué de six personnalités toutes de sa génération et donc bien plus susceptibles de suivre sa vision. Lors de son discours d’ouverture du Congrès, Xi Jinping a prôné pendant presque 3h30 la puissance d’un « pays qui lutte inlassablement pour se hisser au premier rang du monde ». Mais toute l’ingéniosité du dirigeant est d’avoir mené cette politique d’expansion – avec le projet OBOR[2] au cœur de ces ambitions – à travers l’image de sa propre personne, s’érigeant en leader du libre-échange auprès de la communauté internationale. Fait supplémentaire ayant marqué le rassemblement, Xi Jinping n’a pas désigné de successeur potentiel comme cela doit être fait habituellement. Cela pousse à l’interrogation sur les intentions du dirigeant, car la Constitution limite sa position à deux mandats et selon une règle tacite, un président doit se retirer au-delà de 68 ans. Xi Jinping en a 64, et entame son second mandat. Le prochain congrès, dans cinq ans, pourrait voir se produire un passage en force. Mais outre la célébration de Xi Jinping et le renouvellement de son influence, c’est le pouvoir grandissant de tout un parti et d’une nation qui a été célébré.

Au-delà du parti, le rêve d’une Chine leader mondial

Dans la grande salle du Palais de l’Assemblée du peuple de Pékin, les presque 2300 délégués du PCC se sont donc réunis, représentant 89 millions de membres – presque deux fois la population de l’Espagne. Mais au-delà de son cercle d’adhérents, le parti est une institution omniprésente dans le quotidien des Chinois, qui représentent 20% de la population mondiale. La puissance du parti, créé il y a presque un siècle et au pouvoir depuis 1949, est donc inextricablement liée à celle du pays. Ce 19e Congrès représente un événement incontournable pour les citoyens chinois, car il va déterminer les lignes directrices à appliquer pour les cinq prochaines années. Le volet social a tenu une grande place cette année, avec l’objectif de diminuer la pauvreté, améliorer les services publics, et rééquilibrer les inégalités entre milieux urbains et ruraux, creusées par le développement fulgurant des années 1990 et 2000. Il s’agit d’une faille profonde dans le rayonnement chinois. Pour la majorité de la population, cette fracture est plus importante encore que le « rêve chinois » à l’international et cet enjeu est devenu crucial pour conserver une unité nationale. Mais la notion de rayonnement mondial n’a pas été oubliée et reste le fer de lance du parti avec la mise en place de plusieurs étapes de développement jusqu’en 2050 en matière d’innovation scientifique et technologique, d’économie, de géopolitique pour aboutir à une vraie puissance globale. La seconde économie mondiale désire plus que jamais atteindre le premier rang.

[1] Au cours du Congrès, les 205 membres du Comité central sont élus, qui désignent ensuite les 25 membres du Bureau politique, dont font partie les membres du Comité permanent.

[2] One Belt One Road, un projet aussi appelé « nouvelles routes de la soie », ambitionnant de développer une voie terrestre et une voie maritime jusqu’en Europe afin de sécuriser l’approvisionnement chinois et développer son influence.

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Jessy PÉRIÉ

Diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et prospective à l'IRIS, Jessy Périé est analyste géopolitique et journaliste, spécialisée sur la zone Asie orientale. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de politique extérieure chinoise et japonaise.

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