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Le Big Brother chinois, une menace mondiale ?

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Alors que la Chine met en place son système de notation de la population, des voix s’élèvent pour alerter d’un danger de propagation de cette technologie répressive. Le continent africain est tout particulièrement à risque, de par sa dépendance économique au pouvoir de Pékin.

Le Big Brother chinois constitue-t-il une menace mondiale ?

Taxé de « Big Brother » par ses critiques, le système de crédit social rentre peu à peu en vigueur en Chine. Il s’agit d’évaluer la fiabilité des citoyens et de réprimer les comportements jugés antisociaux. Les autorités chinoises promeuvent ce dispositif comme une avancée sociétale dont le but serait d’améliorer la vie commune en récompensant les bons citoyens et en punissant les mauvais. Cet outil est en réalité un instrument de contrôle puissant pour le Parti Communiste Chinois qui dispose d’une emprise hégémonique sur la vie politique. Ce dispositif devrait être généralisé à l’ensemble du pays d’ici à 2020. Toutefois, des projets pilotes sont déjà en fonctionnement dans une trentaine de villes.  Le système fonctionne sur le principe de solvabilité. Plus le citoyen a un score élevé, plus il a accès à de nombreux services. En revanche, si la personne a un faible score, certaines prestations comme un voyage en train ou un crédit lui seront refusées. Un score trop bas ferme également les portes des emplois gouvernementaux.

Un outil de répression politique

Le gouvernement chinois souhaite utiliser cet outil de contrôle pour lutter contre la fraude fiscale. Cet objectif s’inscrit dans la continuité de la politique agressive de lutte contre la corruption du président Xi Jinping. De plus, dans un pays où la hiérarchie sociale compte énormément, ce score risque d’avoir un impact important sur les relations sociales des individus. Ainsi, une personne avec un mauvais crédit pourrait se retrouver abandonnée par ses amis ou ne pas pouvoir se marier. En effet, la fréquentation d’un citoyen jugé mauvais pourrait entraîner une baisse de points. Ce système s’accompagne d’un dispositif de vidéosurveillance permanent créé dans le but de réguler les déplacements des citoyens. De l’aveu même des autorités, cet algorithme n’est pas parfait. Il existe donc un risque d’erreurs qui pourrait avoir des conséquences graves sur la vie de citoyens qui sont jugés, à tort, néfastes. Cet outil a été développé en grande partie dans la région du Xinjiang, une province au nord-ouest de la Chine qui subit depuis plusieurs années une violente répression politique. Cela révèle l’intention du gouvernement d’écraser toute velléité d’opposition à l’aide des nouvelles technologies. La volonté de contrôle de Pékin ne s’arrête pas aux frontières de la Chine.

L’exportation de la société de surveillance

Selon un rapport de l’International Cyber Policy Institute de Canberra, le système de notation est également appliqué aux entreprises étrangères. Chacune dispose d’un capital point établi en fonction de ses orientations favorables au gouvernement chinois. Cette note indique aux sociétés chinoises quels sont les partenaires à privilégier et quels sont ceux à éviter, de peur de représailles. Les auteurs du rapport font part de leur inquiétude quant à l’entrave que cela représente pour le commerce international et la menace potentielle pour la souveraineté des états. Ce n’est pas la première fois que la Chine est accusée de pratiques commerciales illégales. Le scandale des smartphones Huawei secouait déjà le monde hightech en début d’année. Le FBI et la CIA soupçonnent le constructeur de téléphones chinois de placer des puces permettant à Pékin d’espionner l’activité des utilisateurs américains. Ces suspicions ont entraîné le bannissement de la marque aux Etats-Unis, créant des tensions diplomatiques entre les deux pays.

L’influence de la Chine en Afrique a également été pointée du doigt par les critiques de cette technologie invasive. En effet, Pékin investit lourdement en Afrique en profitant de marchés niches délaissés par les puissances occidentales. De nombreuses infrastructures sont financées à l’aide de prêts chinois à des taux très avantageux. La Chine s’assure ainsi de la dépendance et du soutien de nombreux pays africains. Le secteur des télécommunications intéresse tout particulièrement le pouvoir chinois. Xi Jinping a récemment révélé un nouveau projet : la construction d’un réseau de connexion sous-marin entre la Chine et l’Afrique. Certains spécialistes s’interrogent sur la volonté de la Chine d’exporter son modèle de surveillance sur le continent africain. Pékin a déboursé trois milliards de dollars pour aider le gouvernement autoritaire de l’Ethiopie à étendre son système de communication. La même dynamique est présente dans les pays démocratiques. Au Ghana, par exemple, la Chine est intervenue pour développer les infrastructures vers une plus grande surveillance des citoyens. Le gouvernement chinois fait également usage de son soft power en organisant des conférences, en Afrique, sur le fonctionnement de son système de surveillance. Ces séminaires ont parfois été suivis de lois dites de « cybersécurité » visant à restreindre la liberté des citoyens. Ce fut le cas en Ouganda et en Tanzanie. La startup chinoise CloudWalk, spécialisée dans les technologies de reconnaissance faciale, a entrepris un vaste programme de tests au Zimbabwe afin d’améliorer son dispositif. L’influence grandissante du Big Brother chinois en Afrique pose la question d’une menace liberticide d’ordre mondial.

Sources :

https://info.arte.tv/fr/la-chine-faconne-t-elle-linternet-en-afrique

https://qz.com/africa/1447015/china-is-helping-african-countries-control-the-internet/

https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/10/08/espionnage-un-grain-de-riz-dans-le-commerce-mondial_5366277_3234.html?xtmc=chine_surveillance&xtcr=11

https://www.lesechos.fr/14/02/2018/lesechos.fr/0301297647198_les-smartphones-chinois-huawei-inquietent-le-fbi-et-la-cia.htm

https://fr.express.live/2018/07/11/orwell-en-chine-le-systeme-de-credit-social-determine-lavenir-des-citoyens

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Clara JALABERT

Clara JALABERT est étudiante en Master International Security à l'école d'affaires internationales de Sciences Po. Elle se spécialise dans l'étude de l'Asie et des risques sécuritaires.

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