OTAN 1, Pakistan 0. A quand le match retour ?
Vingt-quatre soldats pakistanais ont accidentellement été tués hier par des frappes de l’OTAN, près de la frontière afghane. Une nouvelle bavure que le Pakistan instrumentalise déjà…
Alors que le dernier opus de la série des Call of Duty réjouit tous les passionnés de jeux vidéo de guerre, la passe du Khyber, à la frontière afghano-pakistanaise, a donc été le théâtre d’un nouveau sujet de tensions entre la coalition et les forces pakistanaises. Mais, contrairement à toutes les brouilles exacerbées depuis des mois, ce sont aujourd’hui les Américains qui sont les coupables.
Il n’est pas question ici tomber dans l’anti-américanisme le plus obscur. Il s’agit d’une bavure de l’oTAN, à comparer avec toutes les autres frappes, réussies, contre les Taliban. Les Américains n’ont eu d’autre choix que de s’en référer, pour leurs très nombreuses frappes aériennes, à leur technologie, grâce aux drones, pouvant effectuer des frappes sans pilote. Pas d’autre choix, car cela fait longtemps que l’armée pakistanaise ne joue plus le rôle que l’Amérique souhaiterait qu’elle défende, celui de la lutte fratricide contre les Taliban.
A venir, donc, pas de grands changements dans la tactique militaire américaine. Mais, peut-être, une réticence encore plus forte du peuple pakistanais…
La seule mesure de rétorsion pakistanaise a été la fermeture de quelques postes frontières avec l’Afghanistan, ce qui rend désormais les véhicules de soutien américains vulnérables à des attaques terroristes. Les Etats-Unis n’auraient d’autres choix pour se réapprovisionner que de passer par le Nord, et donc par… la Russie, qui pourrait voir d’un mauvais œil cette alternative.
Il n’y a pas de mesure miracle pour pacifier l’AfPak. L’OTAN (ou plutôt les Etats-Unis) a tout à perdre de quitter militairement la région, il est donc peu probable de voir disparaitre les soldats de la coalition de la région. Le pouvoir pakistanais, quant à lui, se mettrait en porte-à-faux vis-à-vis de son peuple s’il décidait de soutenir plus et mieux la cause américaine. Par conséquent, et comme très souvent dans pareil cas, la stabilité vaut mieux que tout changement profond dont les conséquences seraient imprévisibles. Le courage politique a donc laissé place à la toute-puissance des intérêts économiques des deux camps. Jusqu’à ce que les populations ouvrent peut-être leurs yeux sur ce qu’il se passe dans leur propre pays…