Quelle politique européenne pour le futur Président français ?
Une semaine après avoir traité des programmes électoraux des dix candidats concernant la politique étrangère française, Les Yeux du Monde s’attaquent aujourd’hui aux idées défendues par les deux finalistes sur l’avenir de l’Europe.
Quel avenir pour le Traité constitutionnel ? C’est la différence majeure entre les deux finalistes sur le thème de l’Europe. Le Président sortant défend logiquement le Traité qu’il a contribué à créer et ne souhaite pas de référendum en la matière. Son adversaire F. Hollande s’arqueboute quant à lui sur la renégociation du Traité de décembre dernier, quitte à mettre en danger le rapprochement franco-allemand. Il plébiscite un Traité plus axé sur « la croissance et l’emploi ».
Mis à part ce thème central, les deux candidats ne se confrontent pas directement sur tous les autres sujets liés à l’Europe. Le socialiste souhaite en finir avec l’héritage du Traité de Maastricht, obligeant (mais sans aucune sanction en cas de non-respect !) les pays membres à ne pas dépasser la barre des 3% de déficit. Lui souhaite un « Pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance », notion bien vague à l’heure actuelle. Face à cela, le grand chantier de son adversaire, sur le thème des institutions, sera de réfléchir à l’avenir des accords Schengen. Ces accords doivent être modifiés, selon lui, pour sanctionner tout Etat manquant à ses engagements. Cela nécessite un gouvernement de Schengen, comme il existe déjà un gouvernement de la zone euro. Il envisage également une sortie de l’espace Schengen pour notre pays « sans progrès sérieux » dans les douze mois.
Quid de l’économie ? N. Sarkozy plaide pour un « Buy European act », version européenne de la loi existant aux Etats-Unis, et ce afin de protéger et de soutenir les entreprises européennes face à des concurrences « déloyales ». L’aide aux PME est également développée : une part des marchés publics du continent doit leur être réservée, et une « Banque européenne d’investissement » doit être créée pour les soutenir. En face, F. Hollande veut repenser le rôle de la Banque Centrale, introduire les très critiquées « euro-obligations » et réfléchir à un futur fédéralisme budgétaire à l’horizon 2015.
Enfin, sur la politique de défense, peu de choses sont évoquées par les finalistes. N. Sarkozy n’en parle pas dans son programme. Quant à son adversaire, il souhaite que la coopération franco-britannique soit privilégiée, tout comme le maintien d’un axe Paris-Berlin fort. Il veut également rationaliser les appareils militaires des pays membres. Mais rien, dans les deux camps, au sujet de l’avenir réel de la politique de défense européenne (la PESC).
Au final, les programmes des deux candidats sont énormément influencés par la crise actuelle. Des traités majeurs doivent être revus, mais l’orientation politique des deux candidats, pour repenser l’Europe, est claire. Le socialiste s’oppose à une trop grande influence économique des instances (via la renégociation du Traité constitutionnel), son adversaire critiquant quant à lui l’influence politique des institutions (via la réflexion sur Schengen).