Europe

Espagne : le gouvernement parti pour une victoire à la Pyrrhus ?

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Voici le gouvernement espagnol dans une situation bien difficile : après le naufrage de la quatrième banque du pays, faut-il tenter de renflouer l’économie espagnole tout seul ou faire appel à l’Europe ?

Dans le premier cas, l’ampleur de la tache pourrait mettre le gouvernement, et tout le pays, à genoux. Dans le deuxième cas, cet aveu d’impuissance pourrait faire fuir les investisseurs et entraîner un défaut de paiement de l’Etat ce qui forcerai le gouvernement espagnol à de nouveau faire appel à l’aide européenne, en bref : un cercle vicieux.

Faisons ici un bref rappel de la situation espagnole. Durant une dizaine d’année, les banques espagnoles ont prêté, souvent sans trop regarder sur les capacités de remboursement des emprunteurs, encouragées par le dynamisme du secteur du BTP et des constructions de logements, aidés par l’Etat et les régions. Ce cercle vertueux de croissance totalement déséquilibré, que l’on pourrait qualifier de fuite en avant, s’est brutalement interrompu en 2008 avec la crise du secteur bancaire et du bâtiment espagnol. Les banques survivantes se sont regroupées, ont fusionné, alors même que de nombreux actifs dits « pourris » se baladent dans les bilans des banques concernées.

Sur les 45 banques qui existaient en 2008, elles ne sont plus qu’une dizaine aujourd’hui. La quatrième banque du pays en terme de capitalisation boursière, Bankia, réclame l’aide de l’Etat afin d’éviter de sombrer. L’Espagne devra au total débourser 50 milliards d’euros pour aider ses banques dont 23.5 milliards uniquement pour Bankia.

Le problème est de savoir si l’Etat espagnol peut se permettre ce type de dépense. En effet, le pays est frappé par un chômage record de 24.44%, il est aussi retombé en récession au premier trimestre. Mais le plus problématique reste que l’écart entre les taux des obligations à 10 ans entre l’Allemagne et l’Espagne a atteint un niveau record le 29 mai avec un taux de 6.5% pour les emprunts espagnols sur 10 ans, soit 5.16 points de plus que le taux allemand.

 

Pour l’instant, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, s’il reconnait qu’il est pour l’instant « très difficile pour le pays de se financer », continue d’affirmer qu’il n’y aura pas de plan de sauvetage européen.

Le projet est ambitieux et même si l’Espagne utilise des obligations pour renflouer Bankia, et donc nationalise la banque, il ne lui restera que peu de marge de manœuvre. Le fait que le pays ai réduit de moitié son déficit public depuis 2009 et que son taux d’endettement/PIB soit de 60%, donc inférieur à la moyenne européenne, lui confère un capital-confiance certain auprès des investisseurs. Le problème est que, dans le cas présent, le gouvernement pourrait être trop téméraire en voulant absolument éviter d’attirer le doute sur ces capacités de remboursement et donc de faire fuir les investisseurs. C’est cette témérité qui est aujourd’hui sanctionnée par ces mêmes investisseurs.

Dans cette situation le mieux est l’ennemi du bien.

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