Quid d’un nouveau Plan Marshall pour l’Europe ? (3/3)
Suite et fin de notre dossier sur la proposition d’un « Plan Marshall II » pour sauver l’Europe de ses méandres. Proposition qui pose bien plus de questions qu’elle n’offre de réponses…
Ce Plan Marshall diffère du premier car il ne s’agit plus d’accrocher l’Europe de l’Ouest aux Etats-Unis, mais bien de raccrocher le Sud de l’Europe au Nord. C’est très clairement une différence de perspectives, et probablement une orientation pessimiste pour l’avenir européen. En cas de succès d’un tel Plan, il est évident que les pays les plus en difficulté ne seront pas les seuls gagnants, car les pays forts auront tout simplement évité la fin de la zone euro.
Mais, soyons réalistes, les plans de sauvetage des économies en difficulté ont échoué depuis trente ans. L’aventure du FMI dans le sauvetage des économies latines et africaines s’est soldé par un douloureux échec (seules les lubies de quelques libéraux peuvent affirmer le contraire), à cause de l’inadéquation totale entre ces mesures pensées par l’extérieur et la réalité de l’intérieur (et souvent, aussi, à cause de la mauvaise volonté des récipiendaires !). De plus, encore faut-il que ces derniers soient des « bons candidats », prêts à agir efficacement pour se sauver. Or, dans le cas grec et portugais (il y a moins de doutes dans le cas espagnol), c’est un euphémisme que de dire que l’austérité fait l’objet d’un rejet (et même plus) au sein des populations, voire de la classe politique.
Sur la conditionnalité incluse dans ce plan, les dernières années planchent pour l’optimisme. En effet, dans sa politique d’élargissement, tout ou presque était basé sur la conditionnalité, i.e. l’engagement des nouveaux entrants à respecter des règles que les fondateurs de l’UE ne respectaient plus depuis des lustres (pacte de Maastricht & Co). Les nouveaux entrants ont donc tout fait pour respecter les critères. Nul doute qu’ils le feront également pour percevoir à nouveau des aides, via ce nouveau Plan.
Qui pour jouer les gendarmes ?
La dernière critique concerne l’entité qui veillera au bon déroulement des opérations, et notamment qui s’assurera que les récipiendaires mettront bien en place des politiques souhaitées par ses pourvoyeurs. Nul doute que cela s’avère être un épineux débat, et, très clairement, être une condition suffisante pour affirmer qu’un nouveau Plan Marshall paraît peu probable à ce jour. Le prétexte de la Guerre Froide, qui a permis la bonne réalisation du Plan Marshall de 1947-48, n’existe évidemment plus…
Au final, l’existence d’un Plan Marshall bis apparait compromise, et exigerait avant toute autre chose l‘application par les pays en difficulté de mesures souvent très impopulaires. Et quand on voit comment la Grèce rechigne à appliquer quelques mesures pensées par Berlin, on se dit que nos enfants continueront d’apprendre qu’il a existé un et un seul Plan Marshall !