Roumanie : la pérennité démocratique en danger?
Ancienne république socialiste de 1965 à 1989, la Roumanie doit aujourd’hui faire face à un nouveau tournant de son histoire : hier, le Parlement roumain s’est prononcé par 256 voix contre 114 pour la destitution de Traian Basescu, l’actuel président de la République de Roumanie accusé d’avoir « gravement violé la Constitution » et « imposé des mesures d’austérité qui ont appauvri la population », une révocation qui ne pourra être confirmée que le 27 juillet prochain lors d’un référendum qui s’avère d’ores et déjà être crucial pour l’avenir de la société roumaine.
Depuis la révolution roumaine de 1989 et le renversement du régime communiste dirigé par Nicolae Ceaușescu, jamais ou presque la Roumanie aura-t-elle été confrontée à une telle situation : tout juste l’actuel président roumain, Traian Basescu avait-il été suspendu de ses fonctions le 20 avril 2007, déjà accusé d’avoir violé la Constitution à près de dix-neuf reprises, mais cette suspension n’avait pas été suivie par une destitution définitive en raison d’un référendum organisé quelques semaines plus tard et qui avait été largement favorable au maintien de Traian Basescu à ses fonctions.
Renforcé à la suite de cette péripétie, réélu pour un second mandat de cinq ans le 6 décembre 2009, aussi l’actuel président de la Roumanie ne pensait-il pas à nouveau devoir faire face à ce genre de problématique; et pourtant : accusé de s’être attribué différentes prérogatives relevant du Premier ministre, Traian Basescu expérimente aujourd’hui une popularité en baisse à l’intérieur de son propre pays, en particulier au sein de la population roumaine qui ne semble plus vouloir renouveler sa confiance à l’égard de l’ancien maire de Bucarest de 2000 à 2004.
A la tête de ces reproches, apparaît également une politique économique désastreuse en termes de popularité, avec en ligne de mire différentes cures d’austérité draconiennes menées courant 2010 dans le but de redresser les comptes publics du pays; une politique qui s’était malgré tout soldée par un succès relatif au regard de l’évolution des déficits nationaux, le déficit budgétaire de la Roumanie étant passé de 7,3% du PIB en 2009 à près de 4,35% du PIB en 2011.
Organisé le 27 juillet prochain à la suite de la destitution prononcée hier par le Parlement roumain, aussi ce référendum sera-t-il décisif pour l’avenir de la Roumanie, mais également de l’Union européenne dont le sort dépend intrinsèquement de celui de ses membres :
A la suite de cette suspension, ainsi l’Union Européenne comme les États-Unis se sont-ils dits fortement inquiets de la conservation de « l’équilibre démocratique » à l’intérieur du pays, l’USL – Union sociale-libérale -, coalition de centre gauche arrivée au pouvoir il y a maintenant deux mois et entretenant avec l’actuel président de la Roumanie des relations conflictuelles étant notamment suspectée d’avoir provoqué ce référendum pour précipiter la destitution de son rival politique.
D’ici là, la fonction de président de la République sera assurée par l’actuel président du Sénat roumain et dirigeant du Parti national libéral, mouvement de centre-droit membre depuis 2011 de l’Union sociale-libérale, le politique Crin Antonescu.