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Elections italiennes : Les irresponsables bloquent le pays et font trembler l’Europe.

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Alors que la crise se poursuit en Europe, les Italiens ont choisi d’exprimer leur ras-le-bol en ne donnant pas de majorité claire à l’un des partis au Parlement. Le système bicaméral italien se trouve donc dans l’impasse puisque, les deux chambres ayant un poids égal dans le processus législatif, il est presque impossible qu’un texte soit voté à la fois par la Camera dei Deputati et le Senato della Repubblica, d’autant plus lorsque le sujet est délicat. Alors que le Président Napolitano doit bientôt choisir le Président du Conseil devant succéder au Professore Monti.

Ayant pris la suite de Silvio Berlusconi en Novembre 2011, Mario Monti avait été perçu comme le sauveur d’une Italie aux abois, économiquement à bout de souffle et politiquement ruinée après les scandales à répétition qui ont achevé de discréditer Silvio Berlusconi, président du Conseil jusqu’alors. Du moins le pensait-on (ou plutôt l’espérait-on) sur la scène européenne. Mais la coalition de Monti, qui jouissait il y a peu d’une certaine popularité auprès de ses concitoyens malgré la cure d’austérité qu’il a fait subir à l’Italie, s’est complètement effondré à l’épreuve des urnes. A l’inverse, le Cavaliere, qu’on pensait mort et enterré politiquement, a effectué un incroyable come-back et talonne la coalition menée par Pier Luigi Bersani, candidat de la gauche. Le dernier hurluberlu de cet imbroglio électoral – et le véritable vainqueur de ce scrutin –  est le comique reconverti Beppe Grillo, populiste invétéré souhaitant faire table rase de la classe politique italienne soi-disant corrompue et à la botte de l’Europe. Résultat des courses : si Bersani, dont l’alliance avec la coalition de Monti est probable, dispose d’une solide majorité à la chambre basse, ses résultats, combinés à ceux du président du Conseil sortant, ne lui permettent pas, en revanche, de l’atteindre au Sénat. L’Italie apparait donc ingouvernable.

Si Beppe Grillo n’a pas nécessairement tort dans son analyse de la situation politique italienne, son ascension fulgurante représente toutefois une menace énorme pour l’Italie et, par là-même, pour l’Union Européenne (l’Italie est en effet la troisième économie de la zone euro). Or, Grillo ne souhaite tout simplement s’allier ni avec Bersani ni avec Berlusconi pour former un véritable gouvernement. Son Mouvement 5 Etoiles (M5S) n’est qu’une force de blocage et a fait campagne avec des propositions irréalistes voire carrément irresponsables (par exemple : revenu de citoyenneté de 1000€ par mois durant 3 ans à tout Italien dans le besoin) ainsi que résolument anti-européennes. Son discours a eu le mérite d’attirer des italiens de tous bords mais, si leur ressentiment vis-à-vis de la classe politique est compréhensible, il n’en reste pas moins que leur vote témoigne également d’une irresponsabilité profonde au regard des efforts que doit toujours fournir l’Italie, notamment en terme de compétitivité.

L’Europe et les marchés en plein doute

Le résultat du scrutin a suscité des réactions très agitées à travers l’Europe notamment. En Allemagne notamment, la classe politique se désole du résultat. Peer Steinbrück, le prochain candidat du parti socialiste à défier Angela Merkel lors des prochaines élections fédérales, est même allé jusqu’à traiter Berlusconi et Grillo de clowns, prouvant son mépris l’Italie en général et suscitant ainsi l’ire de Giorgo Napolitano. Les marchés, eux, ont immédiatement dévissé, craignant les risques (fondés) d’impasse politique. Quoi qu’il en soit, les projecteurs du monde sont dirigés tout droit sur l’Italie. Elle pourrait être un domino plus lourd à sauver de la chute que la Grèce.

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