Le FMI avertit l’Espagne, l’Europe toujours dans l’incertitude
L’Espagne est dans le flou. Avec une baisse de 3,6% de son PIB en 2009, plus de 20% de chômage, et une économie souterraine qui dépasse plus de 20% du PIB, le pays inquiète les investisseurs. Car si le pays est exposé aux attaques spéculatives sur les marchés financiers, il n’en demeure pas moins qu’il recèle de nombreuses faiblesses : un marché du travail peu flexible, une crise immobilière qui plombe l’activité économique, une productivité en stagnation et un déficit public qui dépasse les 11% en 2009. Rappelons qu’une rumeur folle (à savoir que l’Espagne aurait besoin d’un prêt du FMI à hauteur de 280 milliards d’euros), rapidement écartée par le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero, ébranlait la semaine dernière toute l’Europe.
Or, le FMI a aujourd’hui demandé à l’Espagne des réformes pressantes. Présentées en trois volets, elles consistent à favoriser l’emploi, assainir les finances publiques, et renforcer le système bancaire. Le Fonds Monétaire International a qualifié ces réformes d’« urgentes », rappelant la faible compétitivité de l’économie espagnole. Et le FMI prévoit toujours une baisse de 0,4% du PIB pour l’année 2010. Cet avertissement suit l’annonce, le 20 mai dernier, d’un plan d’austérité de 15 milliards d’euros pour 2010-2011 (50 milliards d’ici 2013) visant à ramener le déficit public à 3% en 2013. Ce premier signe de bonne volonté ouvre la voie à d’autres mesures, concernant les salaires des fonctionnaires, les retraites et autres mesures sociales à l’origine d’instabilité sociale.
Après la grave crise grecque, l’inquiétude concernant le Portugal, l’Espagne ne rassure pas. Et cette atmosphère pourrait rapidement se propager à l’Italie ou à l’Irlande, comme une théorie des dominos version crise économique. Mais l’Espagne refuse de se considérer comme une seconde Grèce. Elle n’a pas triché ni faussé ses résultats. Néanmoins, partout où la crise a provoqué d’importantes dépenses, il faudra boucher les trous et rembourser d’une façon ou d’une autre. Aujourd’hui, le marasme économique empêche de rétablir les équilibres, la seule solution que trouvent les gouvernements reste donc l’austérité. Au mépris de la relance économique ? Espérons que l’Europe ne sombre pas dans un cercle vicieux dont elle ne saurait sortir…