EuropeRussie et espaces post-soviétiques

Rétrospective 2013 : Poutine, le véritable homme de l’année ?

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Jamais, depuis la disparition de l’Union Soviétique, la Russie n’avait fait parler autant d’elle qu’en cette année 2013. Elle est redevenue ce pivot géopolitique essentiel au moment de résoudre toute querelle d’ampleur régionale ou mondiale. Au cœur de ce renouveau se trouve l’homme fort du pays depuis 2000, Vladimir Poutine.

Floué et trompé par les puissances occidentales en 2011 au sujet de la Libye, Vladimir Poutine s’est vengé en 2013, en mettant tout son poids pour annihiler les velléités occidentales en Syrie. Lui et son Ministre Sergei Lavrov, accusés de protéger Bachar Al-Assad, ont en réalité remis les concepts vitaux de non-ingérence et de respect de la souveraineté nationale depuis le début de la guerre civile. Lors de la découverte de l’usage d’armes chimiques en août, Poutine aurait pu être pris de court par l’axe franco-américain ayant préparé de longue date une intervention militaire. Mais la promesse russe de tout faire pour supprimer le potentiel chimique du régime syrien a tué dans l’œuf toute initiative occidentale.

Le cas syrien n’a fait que redémontrer à la face du monde la doctrine poutinienne en matière de politique étrangère : respect de la souveraineté des Etats et remise en place de la Russie au cœur de la diplomatie mondiale. A ce duo on pourrait légitimement ajouter un systématique contre-pied, voire un rejet de la tutelle occidentale, sur les sujets diplomatiques et militaires. La protection d’Edward Snowden participe de ce constat. Snowden n’étant guère d’un intérêt vital pour la Russie, Poutine ne l’a soutenu que car cela décrédibilisait Barack Obama, empêtré dans le scandale des écoutes. Les Etats-Unis s’avérant incapable d’obtenir l’extradition de l’ancien spécialiste de la NSA, V. Poutine réaffirme là que la Russie compte à nouveau politiquement, contrairement à ces dernières années.

Poutine, nouvelle icône anti-occidentale ?

Enfin, dernièrement, Poutine, par la libération de son opposant M. Khodorkovski ou de deux Pussy riot, n’a pas seulement souhaité améliorer son image à l’approche des Jeux Olympiques de Sotchi ou montrer une attitude plus « humaine » et « ouverte », comme cela est répété en Occident. Ceux-ci ont bénéficié de remises de peine d quelques semaines. Khodorkovski, dont la peine devait s’achever en 2014, a, faut-il le rappeler, été l’un des oligarques ayant le plus profité du désordre ayant régné durant les années Eltsine. Certes, ses conditions de détention ont été excessives, mais il est loin d’être le modèle de « l’anti-mafieux » décrit ici et là.

L’emprise poutinienne sur les dossiers internes s’est raffermie. Les libertés individuelles, si chères aux Occidentaux, sont toujours bafouées, sans pour autant générer de contestation forte et majoritaire en Russie. Les politiques autoritaires envers les étrangers ou les homosexuels participent de cette volonté du chef russe de rassembler le peuple russe, au détriment d’une minorité tue au silence ou contrainte à l’exil.

Le retour russe sur la scène politique mondiale devrait se poursuivre en 2014. Il passera principalement par l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en février. Malgré les basses menaces occidentales de boycott de la cérémonie d’ouverture, dont Poutine n’a que faire, la Russie tâchera de réussir ses Jeux, comme la Chine l’avait fait en 2008. Le déni de Poutine face aux critiques occidentales en fait, en tout cas, un leader d’un bloc politique opposé à la rhétorique et aux idéaux occidentaux. Un bloc politique cependant virtuel. Peu importe, après tout, pour Poutine, bien décidé à conserver son influence sur les grands sujets mondiaux.

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