La Serbie bientôt membre de l’Union Européenne ?
Depuis 2009, la Serbie a officiellement fait acte de candidature à l’Union Européenne. Pourtant, ce n’est que le 1er mars 2012 que le Conseil Européen lui a confié le statut de candidat à l’Union Européenne, après la signature par le gouvernement serbe quelques jours plus tôt d’un accord de coopération régionale avec le Kosovo. Cette décision témoigne d’un effort réel de « normalisation » de la part de la Serbie.
Le procureur du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a tout récemment requis la prison à perpétuité pour l’ancien chef des serbes de Bosnie durant la guerre de Bosnie (1992-1995). Or, Karadzic a été arrêté en 2008 puis confié aux autorités internationales par la police serbe, au même titre que Goran Hadzic ou Ratko Mladic en 2011. Ces arrestations témoignent de la volonté de coopération des autorités serbes. Depuis la chute de Milosevic en 2001, celles-ci ont en effet pour fil rouge de poursuivre le rapprochement avec l’Europe pour réintégrer la communauté internationale.
De nombreux efforts de transparence et de démocratie ont été réalisés avec succès par les différents gouvernements serbes sur ces dix dernières années, notamment en matière de lutte contre la corruption. L’ancien président du gouvernement Ivica Dacic vit ainsi sous protection renforcée de la police puisque c’est lui qui a mené ces réformes. L’Accord de Stabilisation et d’Association signé avec l’Union Européenne en 2008 après l’arrestation de Karadzic vient notamment récompenser ces efforts.
La population serbe semble globalement adhérer au processus d’intégration à l’UE. Selon un sondage Eurobaromètre de 2013, seul 21% de la population pense que l’adhésion de la Serbie à l’UE serait une mauvaise chose. Lors des dernières élections législatives, aucun parti clairement eurosceptique n’a ainsi obtenu de siège à l’Assemblée nationale.L’arrivée au pouvoir en 2012 d’une coalition de partis nationalistes aurait pu laisser supposer un refroidissement de ce processus. Il n’en a rien été puisque ce gouvernement a conclu sous l’égide de la Commission Européenne l’accord de coopération régionale avec le Kosovo et c’est à lui qu’a été signifié son statut de candidat à la Serbie.
Le Kosovo, arbitre indirect ?
Il semble découler des derniers évènements que le critère d’adhésion véritablement pris en compte par les dirigeants européens est l’évolution de la relation serbo-kosovare. En effet, le même schéma qu’en 2012 s’est répété au lendemain d’un second accord avec le Kosovo conclu le 19 avril 2013 concernant les minorités serbes du Nord du pays. Deux mois plus tard, le Conseil Européen adoptait en effet (à l’unanimité comme c’est la règle pour ces décisions) le second palier de l’intégration : l’ouverture des négociations d’adhésion. Aucune date n’a été fournie pour ces négociations, ce qui témoigne d’un fond d’hésitation de la part des Etats-membres.
Peut-on objectivement leur donner tort ? Alors même que la Serbie semblait avoir enfin établi des relations stables et relativement apaisées avec ses voisins, les violents affrontements survenus à Belgrade le 15 octobre dernier lors du match de football Serbie-Albanie témoignent de la précarité de la situation. L’élément déclencheur de l’émeute était un drapeau de la « Grande Albanie »: l’incidence sur le Kosovo en est directe. Les partisans de cette « Grande Albanie » revendiquent la souveraineté sur le territoire kosovare, ce que ne peuvent tolérer les serbes…